GenèveDix mois de prison ferme pour le «tyran violent»
Un frontalier a écopé de 28 mois de prison avec sursis partiel et d'une expulsion pour avoir menacé, frappé et mis en danger la vie de son ex-compagne enceinte.
«Gendre idéal d'un côté, tyran violent de l'autre», l'homme au double visage était absent à la lecture de son verdict, mardi. Le Français de 28 ans, qui avait fait vivre un enfer à son ex-compagne enceinte, en régissant sa vie et en l’étranglant à plusieurs reprises, a écopé de 28 mois de prison, dont 10 ferme, sous déduction de 126 jours. Ainsi, il ne lui reste plus que six mois à passer derrière les barreaux. Un verdict jugé «adéquat» par son avocat, Me Piyadigamage.
Le frontalier est en outre expulsé de Suisse pour cinq ans et devra verser 8000 francs d’indemnités pour tort moral à la plaignante. Il a également été condamné à 40 jours-amende à 50 francs avec sursis et à une amende de 1200 francs.
«Absence d'empathie et de prise de conscience»
En couple avec une Genevoise entre 2018 et 2022, le jeune homme a nié la majorité des faits. Le tribunal, qui l'a reconnu coupable de mise en danger de la vie d'autrui, contrainte, menace, lésions corporelles simples, injure et voie de fait, a relevé «l’absence de prise de conscience du prévenu, qui s’est positionné en victime et n’a montré aucun signe d’empathie pour la victime.»
Selon les juges, la version de cette dernière est crédible et corroborée par les messages, les documents médicaux et les témoignages de ses amies, contrairement aux explications de l'accusé «qui n'ont aucun sens».
Durant la grossesse, «il se déchaîne encore plus»
Durant presque quatre ans, la plaignante a vécu sous la domination de cet homme. Elle avait l'interdiction d'aller au fitness, de voir certaines amies, de côtoyer des hommes, de sortir sans cacher son corps sous des habits longs ou encore de suivre une formation d'aide-soignante. Elle devait aussi faire un rapport détaillé de ses allées et venues tout au long de la journée sous peine de se faire harceler de messages, insulter, menacer, voire frapper.
En 2022, lorsqu'elle tombe enceinte, c'est le drame, a rappelé lundi le Ministère public. «Le prévenu se déchaîne encore plus» parlant d'elle comme de «sa propriété». En juillet 2022, elle trouve la force de porter plainte. Le prévenu, qui vit en France voisine et travaille à Genève, est alors incarcéré un mois et demi, avant d'être libéré, au bénéfice de mesures de substitution.
«Motif futile et égoïste»
Le concubinage stable au cours de leur relation n'ayant pu être établi, les événements survenus avant avril 2022 ou qui n'ont pu être datés «ne peuvent être poursuivis et sont classés», a précisé la présidente du tribunal, Judith Levy Owczarczak. Celle-ci a par ailleurs souligné «le motif futile et égoïste de l'accusé, qui relève d'une colère mal maîtrisée et d'une volonté d'assouvir son besoin de contrôle». Les parties ont dix jours pour faire appel.
Témoin, victime ou auteur·e de violence?
Police: 117
Urgences médicales: 144
Main tendue (adultes): 143
Pro Juventute (jeunes): 147
Aide aux victimes LAVI
Violencequefaire(anonyme et gratuit, réponse dans les 3 jours)