GenèveLa lutte contre le moustique tigre: «Le défi de l’été»
Le Canton planifie de nouvelles mesures pour combattre la prolifération galopante de la bébête. Les communes seront mises à contribution.

Le moustique tigre a été détecté dans le canton de Genève pour la première fois en 2019, à Lancy.
drFormations dans les communes, communication renforcée et campagne de prévention «choc» le printemps prochain. Dans une réponse écrite à une députée, le 15 novembre, le Conseil d’Etat a dévoilé un nouveau plan de mesures pour combattre le moustique tigre. Dès 2024, ce dernier pourrait coloniser «près de la moitié des zones urbaines, y compris le centre-ville», selon le Canton. Aujourd’hui, une dizaine de municipalités sont déjà touchées; en particulier Lancy, Onex, Thônex, Chêne-Bourg, Plan-les-Ouates et Veyrier. La lutte contre cet insecte envahissant, agressif et vecteur de maladies comme la dengue, le zika ou le chikungunya – aucune transmission autochtone n’a cependant encore été observée jusqu'à présent au bout du lac – est un «défi majeur pour l’été à venir», estime Gottlieb Dändliker, inspecteur cantonal de la faune.
Le moustique tigre «n’est en effet pas un moustique comme les autres», décrit le spécialiste. Il ne se reproduit pas dans des marais comme beaucoup l’imaginent, mais dans des zones habitées, en milieux «stériles» – béton des bâtiments, pneus, récipients en plastique ou grilles d’égouts, «et c'est en neutralisant ces sites de ponte qu'on peut le combattre».
Efforts collectifs
Pas question cependant de mobiliser une armée de fonctionnaires prête à envahir propriétés et immeubles privés pour faire la chasse au nuisible. «Nous encourageons les administrations cantonale et communales à agir dans leurs propres bâtiments, dans leurs parkings et sur les routes, mais l’Etat n’a pas à s’immiscer chez les gens, éclaire le spécialiste. L’enjeu est collectif vu l’ampleur de la tâche, soit des centaines de milliers de sites de ponte potentiels à traiter.» Les mesures ne seront donc pas obligatoires, mais les autorités comptent sur «le bon sens et la solidarité de tous» pour s’attaquer au problème. Conseils et numéro d’appel figurent déjà sur un site officiel dévolu à la bébête et le Canton étoffera sa communication d'ici quelques semaines, entre autres sur ses réseaux sociaux.
Pas n’importe où, n’importe comment
Les actions sur le terrain devraient aussi se renforcer. Deux produits larvicides «sans effet dommageable sur le reste de la faune, l'environnement ou la santé humaine», dixit les pouvoirs publics, se révèlent particulièrement efficaces pour s’attaquer aux zones de ponte de l’insecte vrombissant.
Il y a d’abord des granulés, dont l’usage est réservé aux professionnels. «Dès mars prochain, des formations certifiantes d’une journée seront organisées pour les employés municipaux ou encore les concierges, afin qu’ils sachent identifier au mieux les lieux où se reproduit le moustique tigre et comment utiliser ce produit», décrit Gottlieb Dändliker. Présidente de l‘Association des communes genevoises, Karine Bruchez confirme que le Canton prépare une communication en ce sens aux municipalités. Pour les particuliers, un concentré liquide est disponible dans le commerce. Il faut le diluer dans l’eau puis gicler sur les sites de ponte. A priori, quatre «pchiit», une fois par semaine de mai à septembre, suffisent. Un mode d’emploi précis sera disponible ce printemps sur le site dédié de l’Etat. Ce dernier prévoit des pointages à domicile pour vérifier l’efficacité de la lutte, sur demande de particuliers qui seraient passablement incommodés.
Appliqués correctement et en nombre, ces traitements ont d'ores et déjà prouvé leur efficacité, appuie le Canton: «Ils ont permis une baisse massive (90%) de la densité de cet insecte au Tessin.»
Nouvelles mesures aussi côté vaudois?
Le canton de Vaud n’exclut pas de renforcer son dispositif actuel de lutte contre le moustique tigre. «Nous déciderons prochainement, en fonction du bilan de l’année 2023, si des mesures supplémentaires seront nécessaires pour 2024», énonce le Département de la santé. Pour l’heure, les autorités s’appuient sur deux piliers pour «surveiller l’avancement du moustique et empêcher l’installation de colonies». Des monitorings sont effectués via des pièges pondoirs pour analyser la propagation de l’insecte. Cette année, des installations ont été posées à Lausanne, Yverdon, Nyon, Aigle, Bex, Cully et Préverenges. Par ailleurs, depuis 2020, des campagnes de prévention sont mises en place l’été à l’attention de la population, notamment via un site dédié.