Genève: la postière avait volé pour 275000 francs de smartphones

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GenèveLa postière avait volé pour 275'000 francs de smartphones

Le Tribunal de police a condamné à un an de prison avec sursis une femme fragile qui admet avoir dérobé une multitude de colis par amour.

La prévenue travaillait dans un office postal du canton de Genève.

La prévenue travaillait dans un office postal du canton de Genève.

20min/Vanessa Lam

Engoncée dans son pull noir «Rafael Nadal», éprouvant une infinie difficulté à verbaliser, cette quinquagénaire n’a rien, a priori, de la criminelle endurcie. Pourtant, cette postière espagnole, employée depuis 32 ans par le géant jaune, s’est mise à y voler compulsivement des colis contenant smartphones, tablettes et montres connectées. «J’admets deux à trois téléphones par jour», de juillet 2021 à février 2023, confiait-elle mercredi au Tribunal de police. L’ardoise atteint 275’000 francs.

Chez elle, 66 appareils électroniques

Elle ne peut pas nier: elle travaillait toujours lorsque les vols se produisaient; ils ont cessé dès son licenciement; et une caméra installée pour débusquer le voleur n’en a filmé qu’un: elle-même. A son domicile, la police a retrouvé 66 appareils électroniques. L’enjeu se trouve donc ailleurs: ses motivations, que le président lui demande avec tact et pédagogie.

C’est sa compagne d’alors, tente-t-elle d’expliquer, qui l’aurait poussée. «Je l’ai connue et je suis tombée dans son piège. J’avais jamais volé. Elle m’a demandé de l’argent pour sa maman gravement malade et son fils. Comme j’en avais pas, j’ai commis ces vols. Je regrette.»

«Elle avait cru trouver l'amour»

Son avocat, Me Gabriel Raggenbass, évoque «une histoire pathétique, une tragédie. Madame avait cru trouver l’amour pour la première fois de sa vie, elle a trouvé l’enfer. Elle a perdu son emploi, la possibilité de travailler à l’avenir, aveuglée par un amour feint puisque son ex-compagne, en réalité, était en couple avec une autre.» Et d’évoquer un processus de manipulation et d’emprise.

Téléphones vendus en Espagne et en Bolivie

Le président n’adhère pas totalement à cette thèse. Il souligne que la prévenue a joué «un rôle actif dans l’envoi des téléphones en Bolivie et en Espagne», et qu’elle a parfois envoyé des SMS directifs («donne-moi 1000 euros, c’est pour m’acheter un bracelet», ou «900 francs. Si elle dit non, tu ne vends pas»).

Qu’elle-même ne se soit pas enrichie et qu’elle ait tout laissé à son amante n’y change rien. Elle s’est rendue coupable de vol par métier et écope d’un an de prison avec sursis. Sans compter que désormais, elle doit un quart de million à la Poste. Son ex, elle, avait été condamnée à 18 mois de prison avec sursis pour recel par métier, dans un procès séparé.

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