Genève: la vente d'une Patek tourne au cauchemar pour un particulier

Publié

GenèveLa revente de sa Patek tourne au cauchemar et va lui coûter cher

Un privé est condamné à payer un lourd dommage à une société de courtage de montres d'occasion pour un contrat de vente non réalisé comme prévu.

La montre en question a vu sa valeur doubler en trois mois au moment où aurait dû se faire la transaction.

La montre en question a vu sa valeur doubler en trois mois au moment où aurait dû se faire la transaction.

AFP

«Tu ne m'as pas seulement perdu en tant qu'acheteur et vendeur, mais tu m'as mis en colère. Il est toujours temps de finir cela amicalement. On se rencontre, je te donne les 20'000 fr. d'acompte et on se serre la main. À partir de demain, cela ne sera plus possible. Penses-y.» Mais que s'est-il passé entre ce privé, qui fait du commerce de montres d'occasion, et une société de courtage à Genève, pour que la situation s'envenime à ce point?

Le Tribunal fédéral vient de trancher un litige qui porte sur une Patek Philippe Nautilus 2016. Et il y a de gros, gros sous en jeu. En décembre 2021, l'homme qui détenait la montre a signé un contrat pour la revendre à la société à 95'000 fr et a reçu un acompte de 15'000 fr. «Le solde du prix devait être payé en espèces lors de la remise de la montre», retrace le TF. Sauf que le rendez-vous, prévu à Genève en janvier 2022, n'a pas eu lieu, entre dates de vacances qui se croisent et contaminations au Covid en pleine vague du variant Omicron.

Un prix qui explose

Le problème, c'est qu'à cette période, le marché des montres d'occasion a explosé (lire encadré). La Patek à 95'000 fr. «a vu sa valeur pratiquement doubler» en trois mois. Du coup, le vendeur a voulu revoir le prix de vente à la hausse. Refus de la société acheteuse, qui a contre-attaqué. Si l'homme avait remis la montre et respecté son contrat, la société aurait pu la revendre à son nouveau prix et faire du bénéfice.

Les tentatives du vendeur d'annuler le contrat et de rendre l'acompte qu'il avait reçu (ce qu'il a fait) n'ont pas suffi. La justice genevoise l'avait condamné à payer 95'000 fr. de manque à gagner, «soit le bénéfice que la société aurait pu réaliser en achetant la montre au prix convenu de 95'000 fr. et en la revendant à 190'000 fr.» Le TF vient de déclarer irrecevable l'ultime recours du détenteur de la Patek.

Un pic qui ne tombe pas à pic

Le marché de la seconde main est en plein essor. «Nous estimons qu’au cours de la prochaine décennie, il sera de taille équivalente au marché primaire», relevait l'institut Deloitte dans une étude en janvier. Les femmes et la génération Z s'y intéressent particulièrement. Chez eux, «les modèles vintages non genrés sont populaires». «Le Temps» relevait alors que la valeur des montres d'occasion a connu un pic en mars 2022 (au moment de l'affaire genevoise). «Entre 2020 et 2024, les cotes de Patek Philippe et Audemars Piguet sont montées de 62%. Sur cette même période, Rolex a gagné 20,6% et Omega 17,5%», notait le journal.

Ton opinion