Genève: elle paie cher son aide à un bénéficiaire de l’Hospice

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GenèveUne aînée a aidé un bénéficiaire de l’Hospice, la voilà «punie»

L’institution sociale ne paiera pas les gros dégâts causés par une famille au logement d’une retraitée.

La propriétaire a signé un bail locatif avec des bénéficiaires de l’Hospice général. L’affaire a tourné au désastre.

La propriétaire a signé un bail locatif avec des bénéficiaires de l’Hospice général. L’affaire a tourné au désastre. 

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Christian* est en rage contre l’Hospice général. Celui-ci refuse de payer tout ou partie des gros dégâts causés par des bénéficiaires de l’aide sociale à un appartement que possède sa mère de 85 ans. Devis à l’appui, il affirme qu’il y a pour 110’000 francs de remise en état. «Cet argent, c’était le bas de laine de ma maman, une immigrée qui a travaillé dur toute sa vie, sans aide. La voilà doublement punie. Outre les coûts, elle perd le loyer de 1900 francs par mois, le bien étant inlouable - et elle doit s’acquitter de 800 francs de charges par mois. Ce logement lui servait à mettre du beurre dans les épinards. Il n’y a même plus d’épinards.»

Christian ressent un profond sentiment d’injustice. En 2015, l’Hospice les avait approchés, sa mère et lui, pour qu’ils acceptent de régulariser la situation d’une famille de bénéficiaires en sous-location. Les sachant insolvables, mais rassurés par la présence de l’institution sociale, ils avaient dit oui. Aujourd’hui, l’homme se sent trahi.

Les occupants sont partis en janvier. Très vite, il a contacté l’Hospice. Celui-ci lui a d’abord répondu le 5 mai qu’il ne pouvait qu’encourager vivement cette famille à déclarer les dégâts comme sinistre à son assurance ménage. Puis, le 16 juin, l’institution lui a indiqué que ces gens refusaient (en fait, ils avaient résilié leur assurance en 2021). Elle l’invitait donc «à se tourner vers la justice pour obtenir réparation». La solution laisse Christian pantois. «Ça ne sert à rien: les ex-locataires sont insolvables. L’Hospice dit n’avoir aucune obligation légale d’agir. Il y a huit ans, on nous a demandé d’être humanistes et empathiques. Et là, en gros, on décide que cette famille vit, et que ma mère meurt.»

*Prénom d’emprunt

L’institution «pas responsable» des actes de ceux qu’elle soutient

L’Hospice général explique ne pas être partie aux contrats (bail, travail, assurance) conclus par les bénéficiaires de l’aide sociale avec des tiers. «Ces conditions sont claires.» Il n’est donc «pas responsable de leurs agissements», et souligne que «les risques de dégradations de la part d’un locataire sont exactement les mêmes qu’il soit assisté on non» par l’institution. Ainsi, «il n’existe aucun fondement pour que l’Hospice général entre en matière sur d’éventuelles prétentions d’un bailleur», à qui il appartient d’intenter une action en justice contre le locataire si besoin.

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