GenèveLes plus précaires auront leur vétérinaire
Une association lance des consultations gratuites pour soigner les animaux des personnes vivant dans la rue et bénéficiant d'aides sociales.

Les consultations gratuites s'adressent majoritairement aux maitres qui vivent dans la rue.
Getty ImagesIl est souvent posé là, dans le hall du bâtiment, près de Rive, à l'abri du vent, tendant la main aux clients du restaurant et de la boîte de nuit. A ses côtés, son meilleur ami à quatre pattes dort paisiblement. John – appelons-le ainsi – n'a ni toit, ni boulot. Il n'a que son chien. C'est justement pour lui et ses compagnons d'infortune qu'a été créée l'association Max & Chipy. «Pendant le Covid, on a vu une longue file d'attente de gens venant chercher de quoi manger aux Vernets. Or, si les humains sont touchés, les animaux le sont aussi», a expliqué le fondateur Maxime Gaconnet. Ainsi est née l'idée d'offrir aux plus précaires des consultations vétérinaires pour leur animal.
«Il y a de superbes associations pour défendre les gorilles ou les baleines mais, là, nous souhaitions agir au niveau local», a-t-il poursuivi. Et de souligner: «On s'adresse principalement aux personnes vivant dans la rue.» Il s'agit d'offrir une première consultation générale. De quoi faire les vaccins, constater l'état de santé de l'animal et établir le lien avec le maître. Une action solidaire menée en partenariat avec le docteur Adrien Albiger, vétérinaire et une de ses collègues de la clinique des Deux-Communes à Thônex. «On pose un premier diagnostic. Si des soins plus complexes sont nécessaires, on assurera le suivi en clinique.»
Une mission humanitaire et sanitaire
Aux yeux de ce vétérinaire engagé, la mission est double. «Elle est humanitaire car, souvent, les sans-abri ont un chien pour la compagnie et pour assurer leur sécurité.» Mais aussi sanitaire. A titre d'exemple, c'est grâce à la création d'un refuge labellisé Max & Chipy que la rage a pu être éliminée à Jaïpur (Inde). «A Genève, il y a une surpopulation canine, a indiqué Adrien Albiger. Il est important de prendre soin des chiens des SDF car, si on ne s'occupe pas de les vacciner et de les déparasiter, ils représentent un risque infectieux pour tout le territoire.» Donner de son temps pour ces consultations gratuites s'avère gratifiant. «Grâce à Max et Chipy, nous ne sommes plus limités par le coût des soins.»
Concrètement, la première journée de consultations aura lieu mercredi 26 juin, à l'Armée du Salut. «C'est complet, a précisé Maxime Gaconnet. Tous les rendez-vous sont déjà pris.» Pour pouvoir en profiter, il faut être bénéficiaire de la Croix-Rouge, de l'Hospice général, de l'Armée du Salut ou d'organismes institutionnels oeuvrant dans le social. Difficile à l'heure actuelle d'avoir une idée du nombre de maîtres qui pourraient être concernés. «A terme, nous voudrions faire l'acquisition d'une ambulance d'occasion pour en faire un centre de consultations mobile et être au plus proche des gens», a conclu le fondateur de Max & Chipy.
Vaud: coup de pouce financier
Dans le canton de Vaud, nulle consultation gratuite. En revanche, la Société vaudoise pour la protection des animaux (SVPA) dispose d'un fonds d'aide pour les personnes démunies. Son gérant Stéphane Crausaz explique: «Grâce à ce fonds, on peut se porter garant. Nous couvrons maximum un tiers des frais vétérinaires, en cas de maladie ou d'accident.»
En 2023, 371 aides ont ainsi été attribuées aux maîtres ayant peu de moyens financiers. Pour un montant total de près de 100'000 francs, «grâce à la générosité de nos donateurs», précise Stéphane Crausaz, qui s'occupe aussi de la communication de la SVPA. Il salue l'action de Max & Chipy: «C'est très difficile à mettre en place mais c'est très bien que cela se fasse.»