GenèvePersonnel et direction en guerre contre leur employeur
Une trentaine de cadres et d'employés d'une entreprise de nettoyage dénoncent leur licenciement, qu'ils jugent abusif, sur fond de «règlement de comptes».
![Une partie des managers et des employés licenciés par l'entreprise Samsic Facility SA. Une partie des managers et des employés licenciés par l'entreprise Samsic Facility SA.](https://image.20min.ch/2025/01/29/04ca4f22-4c86-47d0-87d3-2659ba7855fc.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=241%2C182%2C3759%2C2519&fp-x=0.51025&fp-y=0.433&s=4fd6a0c3466fdb8402461bd3914df069)
Une partie des managers et des employés licenciés par l'entreprise Samsic Facility SA.
draC'est une «purge scandaleuse» entachée «d'irrégularités» à laquelle se serait livrée ces derniers mois une entreprise de nettoyage à Genève, selon le syndicat SIT. Entre juin et novembre, une trentaine des quelque 260 collaborateurs que Samsic Facility SA compte au bout du lac ont été licenciés à tour de rôle «pour raison économique». Une mesure qu'ont dénoncée mercredi les collaborateurs concernés – des managers, des cadres moyens ou encore de simples employés.
Procédures «pas respectées»
Avec plus de 10% des effectifs renvoyés, «il s'agit donc d'un licenciement collectif qui ne dit pas son nom, a tonné Thierry Horner, du SIT. Nous demandons le respect des procédures légales, dont la mise en place d'un plan social.» L'Office cantonal de l'inspection et des relations du travail (OCIRT) ainsi que celui de l'emploi (OCE) ont été alertés.
«Sur le fond et la forme, c'est inacceptable», a de son côté fustigé Stéphane Thivel, ex-directeur général pour la Suisse de l'entreprise, basée en France (ndlr, elle compte 125'000 salariés dans le monde, pour un chiffre d'affaires de 3,65 milliards d'euros en 2024). Le dirigeant et les autres collaborateurs ont ainsi évoqué l'attitude jugée autoritaire et déshumanisée de la direction actuelle, avec notamment «des insultes» et des «propos diffamatoires» à répétition. Elle accumulerait aussi les manquements, selon les employés: «Des heures de travail nocturne n'ont pas été comptabilisées. Il manque pour certains d'entre nous des bulletins de paie. Des changements de planning sont régulièrement effectués à la dernière minute.»
Cette situation conflictuelle se serait cristallisée sur fond de rivalités entre directions régionales de l'entreprise. D'après divers témoignages, les licenciements résultent «de règlements de comptes, d'une soif de pouvoir et de jalousies» de la part de l'équipe actuelle.
L'entreprise conteste
Par la voix de son avocat, Samsic Facility SA conteste les griefs qui lui sont adressés. Elle affirme n'avoir procédé «à aucun licenciement collectif déguisé» et jure avoir respecté toutes les dispositions légales en vigueur. Selon l'entreprise, «la variation des effectifs peut s’expliquer tant par des raisons individuelles que par des motifs économiques». Elle insiste, par ailleurs: «Samsic Facility SA ne tolère en aucune façon les pressions psychologiques, les discriminations ou le harcèlement envers son personnel». La société ajoute avoir expressément demandé au SIT des preuves de ses accusations: «Nous n'avons toujours rien reçu». Elle conclut: «Les licenciements des personnes concernées étaient pleinement justifiés en fait, comme en droit.»