GenèvePlagiat et IA: l’université se mobilise contre les risques
Les bons usages de l’intelligence artificielle (IA) seront abordés à la Semaine Zéro Plagiat, à l’UNIGE.

Selon une enquête de l'UNIGE auprès de 800 étudiants, 73% ont déjà utilisé les IAG, dont 38% font «régulièrement» appel à ChatGPT.
20min/Michael Scherrer«Dans mon uni, à Saint-Gall, il y a eu beaucoup de gens éliminés pour plagiat, relate un étudiant croisé devant Uni Mail. Sans forcément tricher, ils reformulaient avec ChatGPT.» Ses camarades auraient peut-être tiré parti de la première Semaine Zéro Plagiat, organisée dès ce lundi et jusqu'à vendredi par la Bibliothèque de l’Université de Genève (UNIGE).
Au menu: deux modules en présentiel et quatre en ligne sur inscription, dont un atelier sur le plagiat et l’IA générative (IAG) ou un autre sur les droits d’auteur. Des stands d’information seront ouverts durant les pauses de midi dans les bibliothèques d’Uni Dufour, Uni Mail, Bastions et CMU. On pourra y trouver des flyers explicatifs et même un jeu de plateau consacré à la question. L’occasion pour les étudiants de parfaire leurs connaissances en la matière, et en particulier sur les bons usages des IAG, comme ChatGPT.
Des erreurs «involontaires»
Si la problématique du plagiat est abordée au Secondaire II et à l’Université, les étudiants «tâtonnent un peu», relève Laure Mellifluo, coordinatrice à la Bibliothèque de l’UNIGE. Bien qu’il n’y ait pas de statistiques sur la question, la plupart du temps, «ce n’est pas volontaire»: «Ce sont des gens qui pensent que reprendre un petit bout de texte n’est pas grave, ou qui sont dans le stress», expose-t-elle. «Internet a facilité les copier-coller et, avec les IAG, cela a accéléré le phénomène. On regarde comment les utiliser, les citer, et on insiste sur la transparence pour pouvoir assurer une traçabilité.»
«La machine ne pense pas»
Selon le professeur Kilian Seeber, vice-doyen de la Faculté de traduction et d’interprétation, la problématique des IAG se situe en amont, relevant une certaine méconnaissance: «Notre travail est d’expliquer comment le modèle marche, souligne-t-il. La machine ne pense pas, ne réfléchit pas, elle fait juste un calcul de probabilités statistiques.»
En évolution constante: un «défi»
Kilian Seeber rappelle que l’Université a déjà agi concernant l’utilisation des IAG (voir encadré) en émettant des directives: «On doit référencer l’utilisation de la machine.» Toutefois, «le grand défi pour nous est que cela évolue continuellement», explique-t-il, évoquant notamment la récente possibilité pour ces IAG d’accéder à des données en temps réel: «C’est super, mais potentiellement source d’abus conscients ou inconscients».
Autorisées, mais cadrées
À l’UNIGE, une prise de position sur l’usage de l’IA, publiée en juillet, met l’accent sur la responsabilité individuelle et l’intégrité académique. La directive sur le plagiat est en train d’être modifiée pour l’adapter aux IAG. À l’Université de Lausanne, où cette technologie est aussi acceptée, son utilisation est précisée dans une FAQ. Il existe aussi un code d’intégrité à respecter. Des formations sont proposées dans les deux universités.
Du côté de l'Université de Fribourg (UNIFR), des actions sont menées pour améliorer les compétences numériques des étudiants et des enseignants dans le cadre du projet P8 DigitalSkills, en collaboration avec la HES-SO Fribourg. «Depuis 2023, nous avons aussi proposé plusieurs formations sur le thème de l'IA, ainsi que sur celui de l'évaluation», complète l'UNIFR.