GenèveGenève Tourisme, ruiné par les Fêtes, tue le slowUp
Le déficit du Geneva Lake Festival a poussé la fondation à supprimer la manifestation dédiée à la mobilité douce. Colère du conseiller d'Etat.

En 2015, le slowUp s'était déroulé pendant les Fêtes de Genève ancienne mouture.
Keystone/Martial Trezzini«Je ne peux pas admettre que l'une des grosses manifestations populaires du canton fasse les frais de la mauvaise gestion des Fêtes de Genève!», tempête le conseiller d'Etat Luc Barthassat. L'élu PDC juge «scandaleuse» la décision de Genève Tourisme, qui ne financera pas le slowUp cette année. En l'état, la grand-messe estivale de la mobilité douce est condamnée. Le Conseil de la fondation qui promeut l'image de la région a fait ce choix après que le Geneva Lake Festival a enregistré l'an passé 3,2 millions de déficit, soit 1,2 million de plus que prévu. Bref, l'événement a été sacrifié pour éponger les pertes de la controversée nouvelle mouture des Fêtes.
«C'est trop tard»
«Quand on n'a pas, on ne peut pas faire», résume Alexandre Afsary, qui organisait le slowUp pour le compte de Genève tourisme. Il indique que le financement de la fondation tournait autour de 100'000 francs. Pour lui, son sort est scellé. Même si la Ville ou l'Etat jouaient les sauveurs, «c'est trop tard». La date genevoise a déjà été retirée du site internet suisse; par ailleurs, les sponsors privés nationaux, qui financent près de la moitié de ces journées, se sont déjà engagés avec les villes et régions partantes. «Maintenant, s'il existe une volonté de faire renaître le slowUp en 2018, c'est tout à fait possible», juge Alexandre Afsary.
Luc Barthassat paraît, lui, déterminé à ne pas faire l'impasse sur 2017. «C'est vraiment une manifestation à laquelle on tient. Je vais convoquer tout le monde, chercher à connaître les besoins et tenter de sauver l'événement.»
Trop local, pas assez touristique
Pour trancher, Genève tourisme a jugé que le slowUp avait une portée plus locale que touristique, et s'écartait donc de ses missions premières. Interrogée ce mardi, la Fondation s'est refusée à tout commentaire, que ce soit sur le slowUp, le renvoi du directeur du Geneva Lake Festival mardi ou l'avenir de la manifestation. Elle n'a pas non plus indiqué si d'autres événements étaient passés à la trappe.
Le conseiller d'Etat, lui, s'irrite d'avoir été «placé devant le fait accompli». Il estime au contraire que le slowUp s'adresse autant à la population qu'aux touristes, permet de mettre en valeur les produits du terroir, et valorise le sport, la nature et la mobilité douce. «Ça fait passer de sacrés messages.» Président de l'association transports et environnement, Thomas Wenger parle lui d'un «signe dramatique alors que les slowUp bourgeonnent dans toute l'Europe». Il pense aussi que ce type d'événement est idéal pour promouvoir Genève auprès d'une clientèle jeune et attirée par les séjours de week-ends.
Affluence décroissante
Jusqu'à l'an passé, le slowUp genevois était organisé durant les Fêtes et bénéficiait de leur affluence. Selon la météo, il attirait de 10'000 à 25'000 personnes, indique Alexandre Afsary. L'an passé, il avait été découplé du Geneva Lake Festival et avait subi une météo exécrable. Seules 6'000 personnes y avaient pris part.
Parcours de 30 km
Le slowUp est une manifestation visant à promouvoir la mobilité douce. Durant une journée, les organisateurs ferment quelque 30 km de routes au trafic motorisé. Les vélos, trottinettes et autres patins à roulettes ont donc quartier libre sur ces axes jalonnés d'animations et de stands dédiés aux produits du terroir. Cette année, dix-sept événements de ce genre sont programmés en Suisse. En Romandie, leur coût est compris entre 120'000 et 170'000 francs, explique la coordinatrice romande Marianne Bruchez. L'aide des sponsors nationaux est comprise entre 40% et 60%.