Genève: Un poinçon numérique pour contrer les faussaires

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GenèveUn poinçon numérique pour contrer les faussaires

Un projet franco-suisse lié à l’Uni a conçu un QR code qui permet de s’assurer de l’authenticité d’un objet, et bien plus encore. Le secteur du luxe s’y intéresse vivement.

Le poinçon numérique, ici sur une bague, peut être scanné par la plupart des smartphones.
Le Dr. Jorge Cors, directeur de la société Phasis. Liée à l’Université de Genève, elle fournit la technologie pour fabriquer et apposer le poinçon numérique sur son support.
Scannés par un smartphones, les QR codes offrent un accès à une banque de données inviolable, qui peut contenir un certificat d’authenticité, des tutos, un historique des factures, etc.
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Le poinçon numérique, ici sur une bague, peut être scanné par la plupart des smartphones.

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La haute-horlogerie, le monde de la mode, celui des arts ou encore le secteur de l’aéronautique: autant d’acteurs qui lorgnent avec insistance sur la récente création d’un spin-off de l’Université de Genève (une société liée à l’alma mater) et de son partenaire français. Ensemble, ils ont présenté en privé, jeudi, un poinçon numérique, sorte de minuscule QR code apposé sur le boîtier d’une montre, par exemple. Scanné par un smartphone, via une application gratuite dédiée, une forme géométrique composée de 121 points ouvre l’accès à «une infinité d’informations, éclaire le Dr. Jorge Cors, directeur de la société genevoise Phasis. En clair, on dote les objets d’une mémoire.»

«Le poinçon ultime»

La lutte contre les contrefaçons est au cœur du procédé, mais pas que. Ce QR code, breveté, mène à «une base de données inviolable, qui permet de vérifier la traçabilité d’un bijou, par exemple. On y trouvera aussi son certificat d’authenticité. Pour une pièce de machine, on peut imaginer un mode d’emploi, des tutos en vidéo et la facture d’achat. Pour un tableau, un historique du peintre, pourquoi pas?», liste le scientifique. Le concept du poinçon numérique n’est pas nouveau. Mais celui créé par l’entreprise genevoise et son partenaire Ocode, à Nantes (F), va beaucoup plus loin, selon ses créateurs: «C’est le poinçon ultime! La masse de données potentiellement disponibles est sans commune mesure avec ce qui existe déjà, et notre dispositif est ultra sécurisé via la blockchain.» De quoi susciter le vif intérêt de plusieurs secteurs d’activité. 

Géants du luxe sur les rangs

La commercialisation du système a débuté: un marchand d’art l’a déjà adopté. À court terme, de gros clients pourraient débarquer. Leur identité reste confidentielle pour des raisons commerciales, mais selon nos informations, les contacts sont très avancés avec une prestigieuse maison française de mode. L’un des plus grands groupes de luxe du monde, un géant de l’horlogerie suisse et l’un des principaux constructeurs d’avions de la planète ont aussi marqué leur intérêt. Enfin, des discussions existent aussi avec le groupe Arianespace, qui exploite des systèmes de lancement spatiaux, a dévoilé l’Université de Genève.

Cela pourrait rapporter gros à l’alma mater, estime Christoph Renner, professeur de physique et membre du projet. «Ce sera un plus en matière de réputation et donc de financement des recherches. Cela montre aussi que nos scientifiques ne sont pas dans leur tour d’ivoire, mais qu’ils créent des applications pratiques pour tout un chacun.» 

À l’origine: un cheveu électrique

Le partenaire français du projet a apporté le concept, l’équipe genevoise a fourni la technologie pour fabriquer et apposer le poinçon numérique. Elle a pour cela détourné l’usage et certains composants d’un microscope à effet tunnel. Au bout de la machine, un fil métallique, fin comme un cheveu, transmet un courant électrique. Il fait fondre le métal et crée ainsi les minuscules points, parfaitement ronds, qui composent le QR code. Le diamètre de ce dernier varie de 0,2mm à 2mm. Selon le directeur général d’Ocode, Jean-Baptiste Pondevy, cette différence de taille permet «un marquage accessible au grand public via les smartphones, pour les plus grands diamètres», tandis que les plus petits, ultras discrets et par forcément lisibles avec un téléphone, sont idéaux pour les manufactures qui souhaiteraient utiliser le QR code pour y placer des données sensibles - celle d’une pièce d’avion, par exemple. Apposer un poinçon numérique prend de quelques secondes à plusieurs heures, selon la complexité de l’opération. 

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