Genève: procès pour deux home-jacking violents

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GenèveUn procès lève le voile sur la violence des home-jackings

Soupçonnés d'avoir participé à l'un ou l'autre des deux brigandages (à Plainpalais en 2021 et Cartigny en 2023), cinq hommes sont jugés devant le Tribunal correctionnel.

Les victimes des deux home-jackings ont été ligotées et menacées.

Les victimes des deux home-jackings ont été ligotées et menacées.

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Derrière le terme «home-jacking» se cache une réalité: celle de la violence envers les victimes. C'est ce qui ressort du procès qui se tient depuis lundi et pour toute la semaine devant le Tribunal correctionnel de Genève. Du côté des parties plaignantes: une femme et son fils de 22 ans ainsi qu'un homme aux cheveux blancs qui ne fait pas ses 88 ans. Ils seront amenés à témoigner de l'enfer qu'ils ont vécu. Sur le banc des accusés: cinq hommes, de 38 à 56 ans. Ils comparaissent détenus et sont accusés d'avoir joué un rôle dans l'un et/ou l'autre des deux brigandages concernés. Le premier remonte au 3 mai 2021, à Plainpalais (GE) (lire l'encadré).

«Une scène macabre»

Le second a eu lieu dans une villa de Cartigny le 8 février 2023. Durant près de deux heures, le couple de personnes âgées qui vivait là a été ligoté, menacé de mort et frappé. Le descriptif des coups fait froid dans le dos. Ce soir-là, le Cartiginois, âgé de 86 ans à l'époque, est rentré chez lui vers 19h20. En sortant de son garage, un trio lui est tombé dessus, lui a asséné de forts coups de poings, notamment à la tête, tout en lui ordonnant de donner la clé du coffre, avant de pénétrer de force dans la maison.

L’octogénaire est alors étranglé, ligoté sur une chaise à l’aide de colliers de serrage et de cravates; il a reçu des claques, des gifles, des coups de poings sur le corps et la tête. En audience, l’un des prévenus, qui affirme avoir fait le guet pendant tout ce temps, parle de «scène macabre» quand il découvre le vieil homme ensanglanté. «C'est inacceptable. Ils n'avaient pas à subir des choses pareilles, a-t-il poursuivi. Les personnes âgées sont fragiles mentalement et physiquement.»

Oreilles entaillées avec des ciseaux

L’épouse de l'octogénaire, âgée de 78 ans, a, elle aussi, subi cette violence inouïe. Ayant entendu du bruit depuis sa chambre, elle s'est retrouvée, à son tour, attachée et frappée. Elle a reçu des coups de poings et de pieds, de violentes gifles, parfois en la tenant par les cheveux. L’un des malfrats a récupéré des ciseaux de cuisine qu’il a utilisés pour entailler l’oreille de l’octogénaire, puis de sa femme.

Après les ciseaux, c'est un couteau de boucher, dont la lame mesure environ 20 centimètres, qui est brandi pour menacer le mari. «Tu vas nous parler ou on va te tuer», ont lâché les malfrats. Ou encore, évoquant la possibilité d'aller chercher un bidon d'essence: «Tu vas griller avec ta baraque.» En vain. Ils n'obtiendront pas les clés du coffre. Ils ont en revanche fait main basse sur des bijoux. À 21h11, une alarme a retenti et a fait fuir les cambrioleurs.

Devant les juges, deux prévenus reconnaissent avoir joué un rôle, affirmant que celui-ci était mineur. Les autres livrent des explications peu convaincantes quant à leur présence sur les lieux. De quoi faire réagir l'une des avocates des parties plaignantes, Me Yaël Hayat. «Comment expliquez-vous que vous ayez été arrêté dans un champ tout près de la villa avec une paire de ciseaux maculée de sang à proximité?», a-t-elle interrogé, sans obtenir de réponse.

Le procès se poursuit mardi et jusqu'à vendredi. Le verdict est attendu lundi prochain.

Près de 12'000 francs dans une boîte à chaussures

Le 3 mai 2021, vers 14h, un Genevois de 18 ans était seul dans son appartement à Plainpalais, sa mère s'étant absentée. Utilisant des clés subtilisées auparavant, deux malfrats sont entrés dans la chambre du jeune homme. Ils lui ont enfoncé sa capuche sur la tête, l'ont ligoté avec un fil électrique trouvé sur place et l'ont immobilisé. Puis ils l'ont menacé en plaçant un coupe-papier dans son dos, vers son poumon. «On ne te fera pas de mal si tu donnes l'argent.»

En l'occurrence, une boîte à chaussures contenant 12'000 francs. S'ajoutent des espèces et des bijoux pour un montant minimum de 5000 francs. Deux des prévenus sont soupçonnés d'avoir commis cet home-jacking, un troisième d'avoir organisé le tout en volant les clés à son amie, la mère du jeune homme, et en ayant fourni le trousseau et les détails au duo de cambrioleurs. Selon l'instruction, c'est aussi lui qui aurait commandité le home-jacking de Cartigny. Devant les juges, il a réfuté ces accusations.

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