Une nouvelle piscine hors service illustre les maux genevois

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GenèveUne nouvelle piscine hors service illustre les maux genevois

Le bassin de Conches est inutilisable. Trois clubs et des centaines d'usagers sont privés de ligne d'eau. Une association réclame un plan d'urgence. 

Les bassins scolaires genevois à fond amovibles sont vétustes (image d'illustration).

Les bassins scolaires genevois à fond amovibles sont vétustes (image d'illustration).

Getty images

La panne dure depuis dix mois. En avril 2023, le fond amovible de la piscine de Conches a cessé de fonctionner. 500 usagers sont en rade, et dix-sept moniteurs ont perdu un grand nombre d'heures de travail: la fermeture de ce bassin (lié à une école) pose de graves problèmes aux trois associations qui l'utilisaient le soir. Elle illustre aussi la vétusté des installations aquatiques genevoises, et la difficulté, pour les clubs comme pour les nageurs occasionnels, de trouver des lignes d'eau. 

Pas de réouverture avant 2025

Longtemps, les trois locataires de l'office cantonal des bâtiments (les écoles de natation de Veyrier et de Thônex, ainsi qu'Aquatraining, qui donne des cours d'aquagym) ont espéré une solution rapide. Ils savent dorénavant qu'ils devront patienter. Porte-parole du département du territoire, Pauline de Salis explique qu'un remplacement complet du système de fond mobile s'impose, «vu l'ancienneté de l'installation», vieille de 40 ans. La phase d'étude durera jusqu'à fin mars. Puis, un appel d'offres sera lancé. «Il se pourrait que la réouverture du bassin n'ait lieu qu'en 2025», avertit la communicante.

«Salaires payés à vide»

Pour Anne Koenig, présidente de l'association de l'école de natation de Veyrier, c'est une catastrophe. «Depuis dix mois, on paie à vide 100% du salaire de nos moniteurs. C'est impensable de continuer comme cela.» En début de semaine, elle est parvenue à obtenir un créneau à Annemasse (F), à la piscine de Château-Bleu, pour trois mois. Une centaine de places ont pu être ouvertes de la sorte. L'école de Thônex a pu transférer ses cours à la piscine communale. Aquatraining se retrouve pour le moment le bec dans l'eau.

Lien social et sécurité des enfants

Anne Koenig se désole de la situation, observant que les écoles de natation sont complémentaires avec l'instruction publique, qui peine à faire atteindre à tous les enfants le niveau requis en 8P (soit le contrôle de sécurité aquatique). Concernant l'aquagym, «il y a le lien social. Et c'est une activité importante à une époque où on nous dit qu'il faut bouger.»

Un sport de plus en plus pratiqué

Elle estime que «Genève manque de piscines», alors que «depuis dix ans, les bassins sont pleins, la natation est devenue un sport très pratiqué. On est déçu de ne pas pouvoir davantage s'impliquer avec l'Etat». D'autant plus que le souci rencontré à Conches n'est pas isolé: la piscine de Plan-les-Ouates a récemment fermé quelques semaines pour un problème de fond amovible, celle du Belvédère, à Chêne-Bougeries, sera bientôt en rénovation plusieurs mois, celle de Thônex est en travaux jusqu'au 7 février, sans compter celle de Carouge, qui, si le peuple valide son extension, sera inaccessible durant au moins un an.

Bassins scolaires vétustes

Gérard Jolimay, président de l'association des usagers des bains et piscines genevois constate, lui aussi, la vétusté des bassins scolaires à fond mobile. «La plupart ont été construits dans les années 70. Puisqu'ils ont été bâtis au même moment, ils vont fermer au même moment: c'est l'usure normale du temps.» Et cela alors que les piscines classiques sont prises d'assaut. «La fréquentation de Marignac, à Lancy, ne cesse de progresser; les Vernets sont pleins comme un œuf.» 

Aucune vue d'ensemble

Paradoxalement, il ne pense pas que Genève manque de piscines. «Le problème, c'est qu'il n'existe aucun inventaire. Il y a des bassins inutilisés le soir, mais on n'en connaît pas le détail. Chacun (ndlr: en particulier les communes, qui ont la responsabilité de l'écrasante majorité des bâtiments scolaires et des lignes d'eau) joue dans son coin.» L'homme est persuadé qu'une vue d'ensemble et une instance chargée du pilotage permettrait d'optimiser l'utilisation des lignes d'eau et de mieux y répartir les usagers.

L'Etat veut mieux coordonner

Le Département cantonal de la cohésion sociale (aussi chargé du sport) constate un déficit de lignes d’eau. Plusieurs piscines ont étendu leurs horaires, mais l'augmentation de la pratique oblige les bassins à fonctionner à flux tendus. Il note que des projets de construction (aux Eaux-Vives, à Pré-Bois) et de rénovation (Carouge) sont dans les tuyaux. «Dans l’immédiat, le canton a demandé à Genève Plage d’étendre ses horaires d’ouverture», note le conseiller d’Etat Thierry Apothéloz. Selon la loi, ce sont les communes qui sont chargées de la mise à disposition des installations aquatiques (y compris les bassins scolaires). Augmenter l'offre est donc «l'affaire de tous». Mais Thierry Apothéloz ajoute que «le Canton entend mettre en place une plateforme de coordination avec les communes afin de recenser l’ensemble des infrastructures sportives existantes et en projet, pour tenir compte de l’évolution des pratiques». L’Etat a aussi élaboré un outil informatique de recensement en ce sens; et il va lancer une étude sur les pratiques sportives, afin de faire coïncider besoins et infrastructures.

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