Géorgie : Saakachvili condamné à 9 ans de prison

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GéorgieLa peine de prison de l’ancien président Saakashvili alourdie

L'ex-chef de l'État géorgien écope finalement de 9 ans de prison pour détournement de fonds, alors que le pays est secoué par une grave crise politique depuis des mois.

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Saakashvili dénonce des accusations montées de toutes pièces.

Saakashvili dénonce des accusations montées de toutes pièces.

AFP

L’ex-président géorgien, Mikheil Saakashvili, a vu mercredi sa peine s’alourdir à neuf ans de prison pour détournement de fonds, au moment où une grave crise politique secoue la Géorgie depuis l’automne dernier. M. Saakashvili, 57 ans, avait déjà été condamné en 2018 par contumace à six ans de prison pour abus de pouvoir. Des accusations qui, selon des ONG de défense des droits humains, étaient politiques.

Il a été arrêté en Géorgie en 2021, à son retour d’exil en Ukraine, pour purger cette peine. Mercredi, le Tribunal municipal de Tbilissi «a condamné M. Saakashvili à neuf ans de prison», en rajoutant ainsi trois ans de détention à sa peine initiale, a indiqué à l’AFP l’avocat Dito Sadzaglichvili.

Hospitalisé depuis 2022

La justice géorgienne a reconnu l’ex-président coupable d’avoir détourné neuf millions de laris (environ 2,8 millions de francs) de fonds publics entre 2004 et 2013 alors qu’il était au pouvoir en Géorgie, a-t-il précisé, en dénonçant des accusations «montées de toutes pièces». Incarcéré en 2021, Mikheil Saakashvili est hospitalisé à Tbilissi depuis 2022 et n’a pas assisté à l’audience mercredi.

«Il souffre de plusieurs maladies chroniques, et son état de santé se détériore périodiquement», selon Zourab Tchkaïdzé, directeur de l’hôpital Vivamed où est soigné M. Saakachvili. Le Parlement européen a appelé à sa libération immédiate, alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réclamé que Mikheil Saakashvili, qui a un passeport ukrainien depuis 2019, soit transféré à Kiev.

Croisade contre la corruption

Mikheil Saakashvili, qui a étudié aux États-Unis et en France et parle couramment cinq langues, avait été porté au pouvoir après avoir mené en 2003 en Géorgie la «Révolution des Roses», qui avait évincé pacifiquement les vieilles élites héritées de la période soviétique. Lors de sa présidence, M. Saakashvili a mené une croisade efficace contre la corruption, a réformé une police touchée notoirement par ce fléau, emprisonné des chefs criminels et reconstruit des infrastructures en ruine.

Mais de nombreux critiques ont dénoncé sous sa présidence des atteintes aux libertés et un penchant autoritaire, citant notamment la violente répression de manifestations antigouvernementales. Malgré sa détention, il reste une figure de l’opposition au gouvernement du Rêve géorgien, accusé de dérive autoritaire et de vouloir se rapprocher de Moscou.

Crise politique

L’alourdissement de sa peine intervient alors que la Géorgie est secouée depuis plusieurs mois par des manifestations quotidiennes contre le parti au pouvoir. La crise politique a commencé fin octobre dernier, quand le Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012, a revendiqué sa victoire aux législatives, truquées selon l’opposition.

Elle s’est aggravée le mois suivant, quand le parti a décidé de reporter ses efforts pour intégrer l’UE, une décision perçue par ses critiques comme l’illustration d’un rapprochement avec la Russie. Des militants accusent le pouvoir d’avoir lancé une campagne d’intimidation, de passages à tabac et d’arrestations pour punir opposants et manifestants.

(les/jw)

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