InterviewGrâce aux Têtes à claques, il a triplé son salaire!
Depuis dimanche, les héros de Michel Beaudet sont les stars d'une campagne de pub en Suisse romande. Interview avec un créateur comblé.
C'est en août 2006 qu'apparaît le site des Têtes à claques. Deux ans et demi plus tard, les héros animés du Canadien Michel Beaudet (42 ans) ont fait se bidonner des millions d'internautes et sont devenus des stars de la télé (sur Canal+) ainsi que des stars de la pub. Dernier contrat en date, celui passé avec la Loterie Romande.
– «20minutes.ch». Michel Beaudet, vous dites que les Têtes à claques sont nées de votre paresse. Pourquoi?
– Michel Beaudet. A l'époque, je travaillais dans le domaine de la publicité: je nageais dans des processus lourds, suranalysés. Aussi, pour évacuer une certaine frustration et m'amuser, j'avais envie de créer quelque chose de tout simple. J'ai songé à l'animation image par image. Mais je trouvais trop fastidieux de devoir faire bouger les visages de mes personnages. Du coup, j'ai incrusté mes yeux et ma bouche sur des images de poupées. J'ai montré les clips à mes amis, et comme ça rigolait bien, j'ai fait un courriel avec mes vidéos et je les ai envoyées à 50 copains. Au bout de trois mois, je dénombrais déjà trois millions de visiteurs sur mon site! Le succès a été fulgurant. Ce qui fait qu'aujourd'hui, j'ai monté une petite entreprise qui occupe treize personnes.
– Parmi ces vidéos, celle qui a le plus marqué les gens est la pub sur l'épluche-patates Willi Waller. D'où vous est venue cette idée-là?
– J'avais envie de parodier les émissions de télé-achat. Et je trouvais marrant de mettre en scène un mec qui parsème son discours publicitaire de mots anglais. J'ai écrit ce sketch dans un avion en voyage privé pour Séoul – ma femme est Coréenne. Deux ans et demi après sa création, ce clip a généré 17 millions de visionnements.
– Etes-vous père de famille et comment réagissent vos enfants à vos clips?
– Oui, je suis en mode bébé depuis 2005. J'ai deux garçons, l'aîné a 3 ans, le petit 1 an. Pour l'instant, seul le plus grand a déjà vu ce que papa fait. Le hasard a fait que j'ai créé tous mes bébés en même temps: mes fils comme mes Têtes à claques. Et tout s'est passé très vite. A 35 ans, je n'avais aucune attache. Jamais je n'aurais imaginé être marié et père quelques années plus tard. Une révolution a eu lieu dans ma vie: avant, mon métier de publicitaire, c'était d'avoir des idées pour les autres. Soudain, j'ai voulu avoir des idées pour moi.
– Votre salaire a dû exploser, non?
– Disons qu'il a triplé. En fait, je gagnais déjà très bien ma vie dans la publicité. Au moment où j'ai quitté ce job, mes amis trouvaient que j'étais fou de lâcher cette sécurité-là. Mais, je ne suis pas quelqu'un qui a des goûts de luxe. Je ne me promène pas en Mercedes et je viens de terminer de payer ma maison. Plutôt que de dépenser sans raison, je préfère garder mon entreprise en santé. Là, notre prochain défi, c'est de percer le marché anglophone.
– D'être diffusé par la chaîne Canal+ – qui a été la «nurserie» d'un nombre impressionnant de comiques – est-ce flatteur?
– Oui, c'est une belle reconnaissance. D'autant plus pour un produit québecois qui conserve son étiquette québecoise en n'étant pas doublé. Mais ce qui m'a le plus surpris, c'est que Canal+ nous a repérés un mois à peine après le lancement du site, en nous proposant une première offre de collaboration!
– Et puis, la cerise sur le gâteau, c'est le clip spécial des Têtes à claques qu'a reçu Céline Dion pour l'anniversaire de ses 40 ans...
– C'est son chef d'orchestre qui m'a contacté. Il savait que René-Charles, le fils de Céline, est un grand fan des Têtes à claques. J'ai accepté tout de suite et, en effet, le clip a eu beaucoup de succès lors de l'anniversaire de Céline à Sydney, en Australie. Elle m'a laissé un message sur mon répondeur à peine avait-elle visionné les images: «T'a fait pleurer de rire mon p'tit gars. Je ne l'ai jamais vu rire autant!» J'étais très flatté et heureux qu'elle prenne la peine de me remercier. Il faut reconnaître que Céline, malgré son mégasuccès mondial, reste une femme terre à terre, qui ne se prend pas la tête. C'est tout à son honneur.
Céline Dion, son mari et son fils visionnant le clip spécial des Tetes à Claques en avril 2008:
Deux des meilleurs sketchs des Têtes à claques:
Galaxy one p1
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Galaxy one p2
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