Groenland«Pas vraiment Danois, surtout pas Américains, Groenlandais!»
Les velléités d'annexion formulées par Trump ont poussé la population à réaffirmer ses envies de souveraineté, tout en restant à l'écoute des «bonnes occasions».
![Quelque 85% des Groenlandais répondent non à la question de quitter le royaume danois – qui inclut aussi les îles Féroé – pour faire partie des États-Unis. Quelque 85% des Groenlandais répondent non à la question de quitter le royaume danois – qui inclut aussi les îles Féroé – pour faire partie des États-Unis.](https://image.20min.ch/2025/01/29/399a8058-f126-4ddd-87aa-4243487945df.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C3999%2C2666&s=d9cfd5a9a91764a89120d9fb6ae18e90)
Quelque 85% des Groenlandais répondent non à la question de quitter le royaume danois – qui inclut aussi les îles Féroé – pour faire partie des États-Unis.
AFPUne majorité écrasante des 57'000 Groenlandais ne veulent pas devenir Américains, montre un sondage publié mercredi, à l’heure où l’immense île arctique, qui cherche à diversifier son économie et à obtenir l’indépendance, est convoitée par Donald Trump.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a plusieurs fois exprimé son envie d’annexer le territoire autonome danois, n’excluant pas l’usage de taxes douanières contre Copenhague pour arriver à ses fins.
Mi-janvier, la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, s’était entretenue par téléphone – une conversation décrite comme «affreuse» selon plusieurs sources interrogées par le «Financial Times» – avec Trump, soulignant qu’il appartenait au Groenland de décider lui-même de son avenir. Les Groenlandais semblent peu enclins à vouloir rejoindre les États-Unis.
«Quête de souveraineté»
Selon un sondage réalisé par l’agence Verian, quelque 85% répondent non à la question de quitter le royaume danois – qui inclut aussi les îles Féroé – pour faire partie des États-Unis. Seuls 6% y sont favorables et 9% sont indécis. «Ils ne veulent pas être Américains, le sondage le montre très clairement», ajoute ce spécialiste des sondages.
L’inquiétude monte au Danemark face aux velléités de Donald Trump, et la Première ministre vient de rentrer d’une tournée européenne pour s’assurer du soutien de ses alliés. Après sa rencontre avec Emmanuel Macron mardi, elle a déclaré aux médias danois: «Il faut absolument respecter le territoire et la souveraineté des États, c’est un élément essentiel de la communauté internationale».
Le Groenland est, pour sa part, en quête de souveraineté et la question de l’indépendance sera au cœur de la campagne pour les prochaines élections locales qui doivent se tenir au plus tard le 6 avril. «Nous ne voulons pas être des Danois. Nous voulons trouver une voie différente qui nous permette d’être des Groenlandais», indique Aaja Chemnitz, l’une des deux députés représentant le territoire au parlement danois.
«Perspective d'indépendance encore lointaine»
Cette perspective reste néanmoins lointaine, et il faut entre-temps parler du développement économique du Groenland, fait-elle valoir. L’île est aujourd’hui très dépendante financièrement de sa puissance de tutelle. Dans ce contexte, 45% des Groenlandais interrogés perçoivent l’intérêt de Donald Trump pour leur pays comme «une menace», 43% comme «une opportunité» et 13% sont indécis.
Le pays n’est pas à vendre, mais il est «ouvert aux affaires», a déclaré à plusieurs reprises son Premier ministre, Mute Egede. Le Groenland regorge de vastes réserves minières et pétrolières inexploitées, mais leur accès promet d’être compliqué. Il est aussi placé à un endroit stratégique: c’est la trajectoire la plus courte pour un missile entre la Russie et les États-Unis, qui y possèdent une base active dans le nord-ouest, à Pituffik.
Les velléités de Trump sont donc une «occasion» pour ces derniers, «pas nécessairement en termes d’indépendance, mais en termes de nombreuses autres petites étapes dans les négociations en cours entre le Danemark et le Groenland», estime Moller Hansen.