Guerre commerciale: Les réserves de la BNS ont fondu de 25 milliards

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Guerre commercialeLes réserves de la BNS ont fondu de 25 milliards

La guerre commerciale lancée par les États-Unis et la chute des cours du dollar mettent la Banque nationale suisse sous pression.

La guerre commerciale coûte déjà 25 milliards de francs à la BNS et le spectre des taux négatifs resurgit.

La guerre commerciale coûte déjà 25 milliards de francs à la BNS et le spectre des taux négatifs resurgit.

20min/Matthias Spicher

Les cantons et la Confédération vont sans doute faire la grimace. Si la BNS a pu leur offrir 3 milliards cette année en raison d'un bénéfice record en 2024, elle risque fort de ne rien pouvoir leur verser du tout en 2026. En effet, ses réserves ont fondu d’environ 25 milliards de francs depuis le début de l’année, révèle lundi la «NZZ». Et ce n'est peut-être pas fini.

En cause: la guerre commerciale mondiale lancée par les États-Unis qui n'épargne pas la Banque nationale suisse. «Cette perte de valeur est principalement due à la chute du dollar», explique Thomas Stucki, responsable des investissements à la Banque cantonale de Saint-Gall. Depuis janvier, le billet vert a perdu 9% face au franc. Et la règle veut qu'une baisse d’un centime du dollar coûte environ 3,5 milliards de francs à la BNS.

Transfert massif vers le dollar

La fragilité de la Banque nationale s’explique notamment par son transfert massif de réserves en euros vers des actifs en dollars. Aujourd’hui, la part du dollar est devenue prépondérante, alors que celle de l’euro était autrefois deux fois plus importante, explique la «NZZ». Heureusement, les réserves d'or et les obligations ont pu compenser en partie les pertes.

On se souvient que la BNS avait réduit son taux directeur de 0,25 point en mars à 0,25%. La prochaine décision de politique monétaire est attendue pour le 19 juin. Les analystes estiment qu'une nouvelle baisse de taux est possible, voire un retour à des taux d'intérêt négatifs si la conjoncture se détériore davantage.

Des marges de manœuvre quasi nulles

Comment faire pour éviter davantage de pertes à l'avenir et contrer une nouvelle appréciation du franc? Selon Thomas Stucki, il faut que la BNS réduise sa dépendance au dollar, d'autant que l’administration américaine pourrait décider d'affaiblir sa propre monnaie, voire instaurer une taxe sur les obligations d’État américaines. Autre possibilité: abaisser encore le taux directeur. Mais ce geste aurait peu d’impact, selon l’économiste Adriel Jost, de l'Uni de Lucerne. «La BNS a tiré ses cartouches trop tôt. Elle manque désormais de munitions pour réagir efficacement en cas de crise. » Thomas Stucki recommande, lui, d'augmenter les réserves d'or et de laisser le franc s'apprécier. «Une monnaie forte et crédible apporte de la stabilité à la Suisse, ce qui est un atout dans un monde en proie à des tensions géopolitiques.»

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