Guerre commercialePékin, Tokyo et Séoul veulent un accord de libre-échange
La Chine, le Japon et la Corée du Sud ont dit dimanche vouloir renforcer leurs liens économiques.

Le ministre du Commerce sud-coréen Ahn Duk-geun avec le ministre japonais de l’Économie Yoji Muto et le ministre chinois du Commerce Wang Wentao lors de la 13e réunion des ministres de l’Économie et du Commerce à Séoul, le 30 mars 2025.
AFPFace à l’offensive douanière américaine, le Japon, la Corée du Sud et la Chine ont annoncé dimanche vouloir renforcer leur coopération pour offrir «un environnement prévisible» aux entreprises, et «accélérer» leurs négociations en vue d’un accord de libre-échange.
Des ministres des trois pays en charge de l’Industrie ou du Commerce se sont retrouvés en urgence dimanche à Séoul en réaction à l’accélération des relèvements de droits de douane imposés par Washington – une réunion tripartite organisée en urgence et la première sous ce format depuis 2020.
Le ministre sud-coréen de l’Industrie Ahn Duk-geun, son homologue japonais Yoji Muto et le ministre chinois du Commerce Wang Wentao ont convenu de «poursuivre les discussions en vue d’accélérer les négociations vers un accord de libre-échange trilatéral complet» et «équitable», selon un communiqué commun.
Des discussions entamées en 2013
Des discussions sur un tel accord ont été entamées en 2013 et ont eu lieu jusqu’en 2019, avant de marquer le pas. Elles avaient été relancées en 2024 à l’occasion d’un exceptionnel sommet tripartite réunissant les dirigeants des trois pays à Séoul.
Dans l’immédiat, «nous continuerons d’œuvrer pour garantir des conditions de concurrence équitables à l’échelle mondiale afin de favoriser un environnement prévisible pour le commerce et l’investissement, libre, ouvert, équitable, non discriminatoire, transparent, inclusif», ajoute le communiqué commun.
Et ce en contraste affiché avec les revirements incessants de Washington sur sa politique douanière, qui exacerbent les incertitudes pour les entreprises.
«Créer un environnement commercial prévisible»
Pour les trois pays, il s’agit d’«intensifier progressivement leurs coopérations» afin «de créer un environnement commercial prévisible, stabiliser les chaînes d’approvisionnement, améliorer la communication sur les contrôles à l’exportation», insiste Séoul dans une déclaration distincte.
Plus généralement, Séoul, Pékin et Tokyo ont convenu dimanche de «collaborer étroitement» pour pousser à une réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et encourager l’adhésion de nouveaux membres au vaste Partenariat économique global régional (RCEP) réunissant la Chine et 14 pays asiatiques.
À eux trois, la Chine, le Japon et la Corée du Sud représentent environ 20% de la population du globe, un quart de l’économie mondiale et 20% du commerce planétaire.
Des droits de douane américains de 25% sur l’acier et l’aluminium
Cette réunion tripartite survient après l’application depuis mi-mars de droits de douane américains de 25% sur l’acier et l’aluminium, et à quelques jours de l’imposition à partir du 2 avril de surtaxes douanières de 25% sur les automobiles importées aux États-Unis.
Le Japon et la Corée du Sud représentent respectivement 16% et 15% du total des importations automobiles des États-Unis, un secteur majeur pour leurs économies nationales.
La Chine est de son côté sous le coup d’une surtaxe douanière totale de 20% visant toutes ses exportations vers les États-Unis. Plane par ailleurs le spectre de droits de douane «réciproques» que Washington menace d’imposer également à partir de la semaine prochaine.