Le président congolais refuse de s’avouer vaincu

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Guerre en RDCLe président congolais refuse de s’avouer vaincu

Alors que Goma est quasi aux mains du groupe armé M23 et des troupes rwandaises, le président congolais Félix Tshisekedi a lancé mercredi soir un message d’espoir.

Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, s’exprime lors d’une session au Forum économique mondial à Davos, le 22 janvier 2025.

Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, s’exprime lors d’une session au Forum économique mondial à Davos, le 22 janvier 2025.

AFP

Après une offensive éclair de quelques semaines, le M23 et les troupes rwandaises contrôlent désormais la majeure partie de la ville de Goma, à l’est de la RDC. Mais le président congolais, qui s’est exprimé dans la nuit de mercredi à jeudi, a refusé de s’avouer vaincu.

L’avancée fulgurante sur la cité de plus d’un million d’habitants a suscité de nombreux appels de la communauté internationale à cesser les combats. L’ONU, les États-Unis, la Chine, l’Union européenne et l’Angola ont aussi demandé au Rwanda de retirer ses troupes. Le pape a dit prier «pour le rétablissement de la paix et de la sécurité».

Peu avant minuit, Félix Tshisekedi a pris la parole pour la première fois depuis le début de la crise et s’est adressé à la nation dans une allocution retransmise à la télévision nationale. Reconnaissant une «aggravation sans précédent de la situation sécuritaire» dans l’Est, il a dit vouloir «rassurer» les Congolais.

«Inaction» de la communauté internationale

«Une riposte vigoureuse et coordonnée contre ces terroristes et leurs parrains est en cours», a assuré le chef d’État, louant des forces armées congolaises qui reculent pourtant presque invariablement à chaque attaque du M23 et ses alliés rwandais.

Condamnant «le silence» et «l’inaction» de la communauté internationale face à «la barbarie du régime de Kigali», il a mis en garde contre le risque d’«une escalade aux conséquences imprévisibles» dans la région des Grands Lacs.

Les combattants du M23 et leurs alliés rwandais sont entrés dans Goma dimanche soir. La ville, coincée entre le lac Kivu et la frontière avec le Rwanda, était déjà encerclée depuis plusieurs jours. Mais après des jours de combats intenses, le calme est revenu mercredi.

Corps gisants

Les habitants qui s’étaient calfeutrés chez eux sont ressortis: «Il y a la faim à Goma. Il faut aller puiser l’eau au lac et nous sommes sans médicaments», a dit à l’AFP Kahindo Sifa.

Dans les rues, beaucoup de corps gisent au sol, ont constaté des journalistes de l’AFP et des habitants. Des cartouches restent sur la chaussée. Les affrontements à Goma ont fait plus de 100 morts et près d’un millier de blessés, selon les hôpitaux.

Au mépris de la pression internationale qui s’accroît, le M23 a ouvert mercredi un nouveau front s’emparant, selon des sources locales, des villages de Kiniezire et Mukwidja dans la province du Sud-Kivu, voisine de celle du Nord-Kivu dont Goma est la capitale.

Avec cette nouvelle avancée, que ni l’armée congolaise ni le gouvernement de Kinshasa n’ont confirmée, la capitale provinciale de Bukavu et l’aérodrome non loin pourraient se retrouver menacés.

Impasse diplomatique

Jusqu’à présent, les initiatives diplomatiques lancées pour tenter de régler le conflit qui dure depuis plus de trois ans n’ont rien donné. Une rencontre Tshisekedi-Kagame, dans le cadre du processus de paix chapeauté par l’Angola, désigné médiateur par l’Union africaine, a été annulée en décembre faute d’entente sur les conditions d’un accord.

La crise est allée toucher mardi la capitale, Kinshasa, à l’autre bout de l’immense pays d’Afrique centrale. Des manifestants en colère ont attaqué plusieurs ambassades, dont celle du Rwanda, mais aussi de la France, la Belgique et des États-Unis, pays critiqués pour leur inaction dans la crise.

Félix Tshisekedi a condamné «les actes de vandalisme et de pillage». Les États-Unis ont ordonné le départ des «employés non essentiels» du gouvernement américain.

Les derniers affrontements ont aussi aggravé une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l’ONU, plus d’un demi-million de personnes ont été déplacées depuis début janvier.

(AFP)

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