Genève: bras de fer autour du pont de Pierre-à-Bochet

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Haute-Savoie/GenèveUn pont au cœur d'un bras de fer franco-genevois

Le maire d'Ambilly (F) ne compte pas rouvrir l'ouvrage situé à la douane de Pierre-à-Bochet au trafic automobile. En fond: une bisbille fiscale avec l'État de Genève

La douane de Pierre-à-Bochet est interdite aux voitures depuis février 2024.

La douane de Pierre-à-Bochet est interdite aux voitures depuis février 2024.

LMS

Les ponts sont habituellement synonymes de liens. Celui de Pierre-à-Bochet crée au contraire une brèche, voire une rupture. Depuis février 2024, cet ouvrage qui permet de passer de Genève à Ambilly (F) et inversement est fermé à la circulation. En cause: une aggravation de la fragilité du pont constatée par les experts. D'où la décision du maire d'Ambilly, Guillaume Mathelier. C'était il y a plus d'un an. Depuis, rien n'a bougé.

De quoi crisper les relations entre Genève et Ambilly. Début avril, à l’initiative du conseiller d'État chargé des Mobilités, Pierre Maudet, une rencontre a eu lieu, permettant de «mettre à plat les divergences. À l’issue, le maire d’Ambilly nous a assuré que le plan de circulation mis en place n’était pas définitif et qu’il était ouvert à le faire évoluer. Une étude est en cours sur différents schémas de circulation et nous avons prévu de nous revoir prochainement pour en débattre sur un périmètre intercommunal», précise l'élu genevois.

«Genève doit arrêter de se moquer de nous»

De son côté, le maire d'Ambilly ne cache pas son agacement dans ce dossier. «Lorsqu'en tant que maire, je ferme une voirie, c'est tout à fait légal», souligne-t-il d'emblée. Puis, faisant explicitement référence au bras de fer fiscal qui oppose la commune frontalière au fisc genevois, il a ajouté: «Quand il s'agit de me faire passer à la caisse, on ne me considère pas comme une commune du Grand Genève. En revanche, pour cette histoire de pont, oui. Le canton de Genève doit arrêter de se moquer de nous et du travail fait en commun.»

Dans le dossier des communaux d'Ambilly, la commune frontalière a vendu une partie des terrains qu'elle possédait à Genève. Le fisc genevois lui a réclamé 8,5 millions de francs au titre de la taxation des recettes issues de cette vente. Le taux étant celui appliqué à un contribuable privé et non à une collectivité publique. Si Ambilly avait été une commune genevoise, elle aurait été exemptée. Cette affaire est désormais devant le Tribunal fédéral.

Privilégier les transports en commun

«On travaille depuis des années à la construction du transfrontalier», renchérit l'édile français. Il assure ne pas se servir du pont comme monnaie d'échange ou outil de sa vengeance. Toutefois, Guillaume Mathelier entend limiter la réfection du pont de Pierre-à-Bochet à des aménagements de surface. «Je ne vais pas mettre 3 à 4 millions dans la réfection d'un pont juste pour faire passer des voitures. Pourquoi? Pour faire plaisir à Genève qui nous maltraite?»

Et d'ajouter: «Nous devons réfléchir différemment en optant pour les transports en commun et les modes doux sur cet axe et en privilégiant la douane de Mon-Idée pour le trafic automobile.» Faisant à son tour référence à la réunion d'avril, il conclut: «La porte reste néanmoins ouverte aux discussions et en attente d’un retour d’études sur les différents scénarios de réouverture possibles.» Les ponts avec Genève ne seraient donc pas complètement coupés.

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