Yverdon-les-Bains (VD): «Il n’a pas tué Sara, il l’a exécutée!»

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Yverdon-les-Bains (VD)«Il n’a pas tué Sara, il l’a exécutée!»

Lors du troisième jour du procès de l’homicide de Sara, le parquet a requis 20 ans de prison à l’encontre d’un jeune homme, accusé d’avoir tué son amie de 17 ans, en 2019.

Le corps avait été retrouvé à l’embouchure du Bey.

Le corps avait été retrouvé à l’embouchure du Bey.

VQH/Jean-Paul Guinnard 

Au Tribunal d’Yverdon, le troisième jour de procès de l’Afghan accusé d’avoir froidement éliminé sa copine, qui voulait rompre avec lui, a donné lieu à des projections antagonistes du caractère du jeune prévenu. Avocate des parties civiles, Me Manuela Ryter Godel a ainsi dépeint Fazal* comme un homme au coeur et à l’âme noirs qui n’a pas tué Sara, mais qui l’a exécutée. «Il a pris sa vie au sens propre, après l’avoir prise au sens figuré (ndlr: il l’a manipulée durant toute la relation, selon l’avocate). Il a dû avoir l’impression d’avoir touché le graal. Il a vécu un ultime moment de plaisir en atteignant irrémédiablement son but: détruire Sara!», a-t-elle froidement exposé.

L’avocate a demandé 10’000  francs de tort moral  pour le frère et la petite sœur de Sara, 15’000 francs pour son autre sœur et 40’000 francs pour la mère. La procureure a, elle, requis 20 ans de prison pour assassinat. Une peine assortie de 15 ans d’expulsion ainsi que du règlement des frais de la cause. «Il a témoigné du mépris le plus complet de la vie de Sara, faisant preuve d’une volonté de tuer hors normes et d’un sang-froid extrême», a justifié Claudia Correia.

Me Ludovic Tirelli s’est lui appliqué à démonter toutes les certitudes des juges, dans une longue plaidoirie. «L’histoire qui vous a été racontée par le Ministère public, n’est pas, je l’espère, la vérité judiciaire», a commencé l’avocat de Fazal. «Mon client s’est posé en justicier face à la famille. Il voulait sauver Sara, la protéger. Il l’aimait. Jamais, il n’a voulu la détruire!», a-t-il clamé avant de remettre en cause les méthodes et les conclusions des enquêteurs, de jeter le doute sur la fiabilité des tests ADN ou encore sur la solidité du mobile du crime (l’annonce de rupture par Sara). La défense a réclamé l’acquittement de son client et une indemnisation de 310’500 francs pour le tort subi. Le jugement sera communiqué la semaine prochaine.

*prénom d’emprunt.

«Une famille aimante»

La veille, Fazal a dressé un portrait sombre de la famille de la victime. Me Manuela Ryter Godel s’est attachée à rétablir l’image de ses clients: «une famille aimante». Puis elle a insisté sur le profil d’une mère partie d’Afghanistan pour offrir le meilleur à ses enfants. «Elle n’a rien fait de moins que d’autres parents n’auraient fait pour le bien de leurs enfants: elle s’est inquiétée pour sa fille. Son calvaire a commencé bien avant le 27 décembre 2019. Elle a perdu sa fille trois fois. Lorsque Sara est tombée, à 13 ans, sous l’emprise de Fazal, le 27 décembre 2019 lorsqu’elle a disparu et enfin le 6 janvier 2020, quand on lui a annoncé le décès».

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