Cinéma - Immersion sur le tournage de Mad Heidi

Dans une Suisse dystopique, un dictateur fasciste magnat du fromage fait régner la terreur. La jeune Heidi quitte ses montagnes pour aller faire la révolution. Voilà en deux mots le pitch de «Mad Heidi», qui s’annonce comme une comédie d’action gore et absurde. Une équipe de «20 minutes» a assisté à une journée de tournage la semaine dernière dans le canton de Berne. Voici le récit de notre journée. 

11h30: Débriefing avec une trentaine de figurants à l’intérieur de la Markthalle à Berthoud (Burgdorf), près de Berne, pendant que dehors, on prépare le plateau. Les figurants joueront des manifestants qui se feront tirer dessus par des soldats. «En gros, vous allez tous mourir», leur lance la responsable, casquette vissée sur la tête, faisant fuser quelques rires.

11h45: Nous interviewons Valentin Greutert, le producteur de «Mad Heidi»: «Pour faire un film pareil, on ne reçoit pas d’aide, explique-t-il. Nous avons donc développé un système de «crowd-investing»: les gens peuvent acheter une part dans le film et participent au revenu du film. On a collecté plus de 1,5 million pour l’instant et on essaie d’en faire un exemple pour le futur.»

12h: Le producteur revient vers nous: l’équipe a besoin de figurants supplémentaires pour grossir les rangs des manifestants. Quinze minutes plus tard, me voilà relookée par des costumières, prête à aller brandir une pancarte avec mes compatriotes.

12h15: Attente dans la grande salle froide de la Markthalle, où se trouve une partie de l’équipe qui gère les costumes, le maquillage et les figurants. Un colonel nazi passe de temps à autre. Pendant ce temps, mes collègues filment et photographient la scène qui se tourne à l’extérieur avec des soldats nazis.

13h45: Enfin, c’est le moment d’y aller! Je m’empare d’une pancarte et nous nous faisons placer méthodiquement devant la Markthalle, qui représente une usine de fromage dans le film. Puis nous nous mettons à hurler de toutes nos forces contre les soldats impassibles en face de nous, pendant qu’un drone prend des vues aériennes.

15h30: Après une heure de pause, reprise de la même scène, avec cette fois des caméras qui nous filment de face et de profil.

16h15: J’interromps brièvement ma nouvelle fonction de militante antifromage pour aller interviewer Alice Lucy. L’actrice britannique de 24 ans joue Heidi et doit aller se changer pour la scène très attendue de l’explosion, qui sera tournée en fin de journée.

Alice Lucy, l’interprète de Heidi, à notre micro:

17h: La foule a été intégralement fusillée par les terribles nazis. Nous voilà donc tous allongés sur le sol glacé, autour des acteurs qui jouent les parents de Heidi, pendant que l’équipe nous asperge de faux sang, encore et encore, à coups de «Achtung, Blut!» (Attention, sang). Je grelotte pendant que les cameramen tournent plusieurs prises, mais je tiens bon et je trouve même que je joue très bien la morte. 

18h30: Au moins quatre caméras et un drone sont prêts à filmer. La place devant «l’usine de fromage» a été intégralement nettoyée de son sang. Heidi et ses camarades, tous armés, avancent d’un pas décidé. Deux fois à blanc, la troisième fois avec l’assourdissante explosion qui retentit derrière eux. Cette prise est la bonne. Heidi s’est vengée, elle a fait exploser l’usine du dictateur. Tout le monde applaudit et remballe, juste avant 19h. La suite du tournage se poursuivra en Valais jusqu’au 27 octobre 2021. D’ailleurs, l’équipe du film recherche des figurants (inscriptions ici) pour tourner dans l’Amphithéâtre de Martigny, du 22 au 24 octobre.

Pour vous donner une idée du style de délire que sera le film une fois terminé, jetez un œil à ce teaser: