Inaction climatique«Ce jugement est une claque pour le Conseil fédéral»
La condamnation de la Suisse pour inaction climatique par la Cour européenne des droits de l’homme réjouit les défenseurs du climat. Au PLR et à l'UDC, c'est la grimace.

La Cour européenne des droits de l'homme a condamné la Suisse pour son inaction climatique.
AFPPour la première fois, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné mardi un pays pour son manque d’initiatives contre le changement climatique. La Cour a en effet donné raison à une association de Suissesses âgées qui attaquait l’inaction de la Suisse face au changement climatique. Ce verdict enchante les défenseurs du climat.
«Ce jugement est une claque pour le Conseil fédéral et son inaction climatique», estime Mattea Meyer, co-présidente du PS Suisse, citée dans un communiqué. En n’agissant pas suffisamment contre le dérèglement climatique, la CEDH estime que la Suisse a mis en danger de nombreuses populations vulnérables, rappelle-t-elle.
«Seuls des investissements publics massifs permettront de remédier aux manquements soulevés par la CEDH», abonde Cédric Wermuth, co-président du PS Suisse. Et de rappeler l’initiative pour un fonds climat, déposée en février dernier à Berne par le PS et les Verts.
«Toutes les lois climat-compatibles»
«Victoire «historique», clament les Verts. «Cette décision a une importance comparable à l’Accord de Paris pour le climat. En tout cas pour la politique climatique suisse, mais aussi à l’international», a commenté leur présidente Lisa Mazzone. Le parti exige désormais la fixation rapide d’objectifs climatiques pour les secteurs qui en étaient jusqu’ici encore dépourvus: l’agriculture, la finance et le trafic aérien. «Cet arrêt le dit clairement: la politique suisse et toutes les lois doivent être climat-compatibles», souligne le conseiller national valaisan Christophe Clivaz. Les Verts veulent désormais qu’une étude d’impact sur le climat devienne le standard de tout processus législatif. Ils demanderont, dans ce sens, un débat urgent au Parlement.
Pour les associations écologiques, c'est la fête. Greenpeace estime que l'histoire est en train de s'écrire, indique-t-elle sur le réseau X. Pour l'association suisse pour la protection du climat, «ce jugement confirme ce qu'elle souligne depuis longtemps: la Suisse fait trop peu pour protéger sa population des conséquences de la crise climatique».
«C'est une décision historique. Il devient clair que la politique climatique suisse enfreint les droits humains les plus fondamentaux», souligne de son côté Anja Gada, militante de la grève du climat. «Nous attendons de la part du Conseil fédéral et du Parlement qu’ils mettent tout en œuvre pour respecter l'objectif mondial de la limite des 1.5°C d’augmentation de la température», réclame son collègue Jonas Kampuš.
Le PLR regrette, l'UDC critique
Du côté de la droite, on se montre nettement plus mitigé. Le chef du groupe PLR aux Chambres, le conseiller national Damien Cottier regrette la décision de Strasbourg sur X: «En démocratie les combats se mènent en politique, pas devant les tribunaux. Regrettable que la CEDH sorte de son rôle judiciaire pour s'aventurer en terrain politique, au risque d'affaiblir la portée de la CEDH, instrument essentiel pour les libertés et droits fondamentaux», écrit-il.
À l'UDC, on exige la sortie de la Suisse du Conseil de l'Europe. Le parti politique estime la condamnation de «inacceptable». Le conseiller national valaisan Jean-Luc Addor remet en cause ce jugement. «Quelle est la légitimité de la CEDH à prononcer une telle 'condamnation' ? Va-t-elle maintenant nous envoyer l'armée européenne?», se demande-t-il sur X. Même discours outré de son collègue Nicolas Kolly (UDC/FR): «Une fois de plus, la CEDH bafoue la souveraineté nationale: les juges étrangers veulent imposer à la démocratie directe leur vision politique. Mais cette décision permettra un retour du nucléaire plus rapide comme solution à la décarbonation de la société», écrit-il.