Malgré les 30 morts, «ma famille n'aurait pas raté ça»

Publié

IndeMalgré les 30 morts, «ma famille n'aurait pas raté ça»

Des millions de fidèles continuent à affluer au pèlerinage hindou géant de Kumbh Mela, en Inde, au lendemain d'un incident qui a fait 30 morts.

Les fidèles continuent à affluer.

Les fidèles continuent à affluer.

AFP

Comme si de rien n’était ou presque. Les fidèles se sont encore baignés en masse jeudi dans le nord de l’Inde pour le pèlerinage hindou géant de la Kumbh Mela, comme indifférents à la bousculade meurtrière survenue la veille. Mercredi, au cœur de la nuit, un mouvement de foule a fait au moins 30 morts et 90 blessés, selon les autorités, lorsque des milliers de personnes se pressaient vers les fleuves sacrés du Gange et de la Yamuna pour le premier bain rituel du jour.

L’Inde est le théâtre régulier d’accidents de ce type lors de rassemblements religieux de masse. «Nous avons bien sûr entendu parler de cette bousculade», a confié Naveen Pradhan, 21 ans, arrivé quelques heures après l’accident à Prayagraj (nord). «Mais c’est un événement sacré, religieux, quelque chose que nous devions accomplir en tant qu’Hindous», a-t-il plaidé, «et ma famille n’aurait raté ça pour rien au monde».

400 millions de fidèles

Organisée tous les douze ans, la Kumbh Mela réunit au confluent du Gange et de la Yamuna des dizaines de millions de personnes venues de toute l’Inde et du monde entier pour le rituel de la baignade, censé les laver de leurs péchés. Les autorités de l’État hôte de l’Uttar Pradesh et le gouvernement du Premier ministre ultranationaliste hindou, Narendra Modi, la présentent comme la plus grande réunion religieuse de tous les temps.

Ils espèrent y accueillir quelque 400 millions de fidèles pendant les six semaines de réjouissances. Les autorités ont attendu mercredi 18h avant de publier un premier bilan de la bousculade. Mais tout au long de la journée, elles ont égrené des chiffres de fréquentation impressionnants, en dizaines de millions de personnes, comme pour minimiser l’impact de l’accident.

«La situation est sous contrôle», a répété le chef de l’exécutif de l’Uttar Pradesh, Yogi Adityanath, qui a par ailleurs annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire sur les causes de la bousculade.

«Noirs de monde»

Rien de tout ça n’a semblé dissuader jeudi les fidèles, et encore moins réduire leur ferveur. «La journée a été compliquée. Les trains et les gares étaient noirs de monde», a décrit Padmabati Dam, un pharmacien de 44 ans qui a parcouru avec ses proches plus de 1000 km dans un wagon bondé depuis l’État de l’Assam (nord-est).

«Nous étions épuisés après un si long voyage, mais dès que nous nous sommes immergés, nous étions revigorés et heureux», a-t-il poursuivi. «Toutes ces difficultés valaient bien la peine». La Kumbh Mela a déjà été le théâtre de bousculades meurtrières dans le passé.

En 1954, plus de 400 personnes avaient été tuées, piétinées ou noyées en une seule journée. En 2013, le festival avait été endeuillé par la mort de 36 personnes lors d’un énorme mouvement de foule survenu dans la gare de Prayagraj. Plus de 40'000 policiers ont été mobilisés pour l’édition 2025 pour la sécurité de la Kumbh Mela, selon les autorités.

«Mauvaise gestion»

Cette année, elles ont aussi largement vanté le réseau de caméras, les drones et les outils d’intelligence artificielle (AI) mis à leur disposition pour compter la foule et gérer ses déplacements. Mais dès mercredi, le chef de l’opposition, Rahul Gandhi, a accusé «la mauvaise gestion et la préférence accordée par les autorités aux personnalités plutôt qu’aux simples fidèles» d’être à l’origine de l’accident.

Un sentiment partagé par de nombreux fidèles interrogés par l’AFP. «Ce sont les organisateurs qui sont responsables de l’accident», a jugé Rahul Shukla, 27 ans, un habitant de Prayagraj. «Pourquoi n’étaient-ils pas mieux préparés alors que tout le monde savait depuis longtemps que la Kumbh Mela allait accueillir plus de 100 millions de personnes?», s’est-il interrogé.

(afp/jw)

Ton opinion

2 commentaires
L'espace commentaires a été desactivé