Italie«Le patriarcat n’existe plus»: un ministre fait polémique
Selon le ministre de l’Éducation italien, Giuseppe Valditara, membre de la Ligue (extrême droite), les violences contre les femmes sont imputables à l’immigration.

Depuis le début de l'année, 83 féminicides ont été enregistrés en Italie. 94% des Italiennes victimes de meurtre ont été tuées par des Italiens.
IMAGOLa polémique faisait rage mardi en Italie autour du ministre de l’Éducation, membre de la Ligue (extrême droite), selon qui «le patriarcat n’existe plus» et les violences contre les femmes sont imputables à l’immigration.
Ses déclarations sont d’autant moins bien passées qu’elles intervenaient à l’occasion de la présentation devant les députés de la Fondation Giulia Cecchettin, du nom d’une étudiante italienne de 22 ans assassinée en 2023 par son petit ami, italien lui aussi. Ce féminicide a choqué l’Italie et jeté dans la rue des centaines de milliers de personnes dénonçant les violences contre les femmes.
Des «résidus de machisme»
S’exprimant dans un message vidéo diffusé lundi à la Chambre des députés en présence de proches de Giulia Cecchettin, le ministre de l’Éducation, Giuseppe Valditara, s’est adressé «aux nouveaux venus» sur le sol italien. «Notre Constitution n’admet pas les discriminations fondées sur le sexe», a-t-il dit. «Il ne faut pas se voiler la face, l’augmentation des phénomènes de violence sexuelle est aussi liée à une forme de marginalité et de déviance qui dérivent en quelque sorte de l’immigration illégale».
Le ministre a par ailleurs fustigé «l’idéologie qui ne cherche jamais à régler les problèmes, mais à affirmer une vision personnelle du monde. C’est la vision idéologique qui voudrait résoudre la question des femmes en luttant contre le patriarcat», lequel, selon lui, n’existe plus «juridiquement depuis la réforme du droit de la famille de 1975 qui a substitué, à la famille fondée sur la hiérarchie, la famille fondée sur l’égalité», évoquant des «résidus de machisme» dans la société italienne d’aujourd’hui.
Un jeune homme blanc bien sous tous rapports
La sœur de Giulia Cecchettin, Elena, a rejeté un discours de «propagande» et rappelé que l’assassin de Giulia était un jeune homme «blanc, italien et bien sous tous rapports». Filippo Turetta, étudiant de 22 ans, devrait connaître sa peine début décembre.
«Si on écoutait, au lieu de faire de la propagande à la présentation de la fondation qui porte le nom d’une jeune femme tuée par un jeune blanc, italien et bien sous tous rapports, il n’y aurait pas une centaine de femmes tuées dans notre pays chaque année», a estimé Elena Cecchettin.
S’agissant du lien entre violences sexuelles, féminicides et immigration, le secrétaire général du parti centriste Europa, Riccardo Magi, a balayé «des affirmations démenties par toutes les statistiques», dénonçant «une instrumentalisation raciste».
Selon le ministère de l’Intérieur, 83 féminicides ont été enregistrés depuis le début de l’année en Italie, après 96 en 2023 et 106 en 2022. Et d’après l’Institut national de la statistique portant sur l’année 2022, 94% des Italiennes victimes de meurtres ont été tuées par des Italiens.
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