ItalieUne mère découvre le compte OnlyFans de l'instit de son enfant
Enseignante dans une école enfantine catholique, Elena s'est trouvée une activité parallèle censée rester secrète. L'affaire a pris des proportions considérables.

Elena gagne 1400 euros grâce à son activité sur la plateforme réservée aux adultes, contre 1200 euros en tant qu'enseignante.
InstagramL'affaire a secoué le nord-est de l'Italie et déclenché un débat national enflammé sur la moralité, les libertés individuelles et les valeurs religieuses. Tout a commencé lorsque la maman d'un élève fréquentant une école enfantine catholique de l'arrière-pays de Trévise est tombée sur le compte Instagram d'Elena Maraga, l'institutrice de son enfant. Ce profil, configuré en mode privé, renvoyait vers des contenus payants sur OnlyFans, où elle partage des vidéos et photos réservées à un public adulte. «Je n'ai jamais accepté les mères de mes élèves sur mon profil privé, elle a dû demander à son mari ou à un ami de me retrouver», pense l'enseignante.
Outrée, la mère de famille a signalé le cas à la direction de l'établissement, qui a exigé de la jeune femme de 29 ans qu'elle supprime son compte, l'accusant de «détruire l'image de l'institution». L'affaire a pris une ampleur nationale après avoir été rendue publique dans un groupe Facebook de la région de Trévise. Après avoir pris trois jours de congé, Elena Maraga a accepté d'être suspendue le temps de consultations entre son avocat et ceux de l'école. «L'issue pourrait être un licenciement ou un départ volontaire. Je ne quitterai jamais l'école, je ne serai jamais la première à abandonner, par principe», assure l'enseignante.
«Je suis adulte et consciente de ce que je fais avec mon corps»
L'Italienne estime qu'elle n'a rien fait de mal. Certes, son contrat avec l'école comprend une clause morale, mais elle ne pense pas l'avoir enfreinte. «Je ne recule pas. Je suis adulte et consciente de ce que je fais avec mon corps. En Italie, montrer son corps est encore critiqué, il y a trop de tabous», explique Elena au «Corriere del Veneto». L'institutrice a commencé son activité sur OnlyFans le mois dernier, ce qui lui a rapporté 1400 euros, alors que son salaire d'enseignante est de 1200 euros.
Malgré la polémique, de nombreux parents d'élèves soutiennent la jeune femme. Une pétition a d'ailleurs été préparée au cas où l'Italienne était licenciée. Une vague de solidarité qui met du baume au cœur d'Elena, dont les propres parents l'ont qualifiée de «honte de la famille». L'institutrice aime son métier, mais déplore «les préjugés et la bigoterie» qui le gangrènent. Si elle venait à perdre son emploi, «je suis prête à passer à autre chose et à continuer sur OnlyFans à plein temps», assure-t-elle.
Code de conduite révisé
Cette affaire est remontée jusqu'au ministère italien de l'Éducation, qui a mis à jour le code de conduite national des fonctionnaires, y ajoutant une section spécifique consacrée aux enseignants et à leur gestion des réseaux sociaux. «Ce sont les enseignants eux-mêmes qui, lors d'un cours de formation continue, ont souligné la nécessité d'un code de conduite éthique pour le personnel de nos écoles», a expliqué Simonetta Rubinato, référente de la Fédération italienne des écoles enfantines (FISM). Elena, elle, ne peut que patienter: «J'attends toujours de connaître le dénouement de cette histoire, ce qui, de toute façon, me rend très triste», confie-t-elle.