JaponLa justice prive la secte Moon de toute reconnaissance légale
L’Église de l’Unification est dans le collimateur depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Shinzo Abe, en 2022.

Un tribunal japonais a ordonné, mardi, que la secte Moon, dans le collimateur depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe en 2022, soit privée de toute reconnaissance légale. Le tribunal de district de Tokyo a «émis un ordre de dissolution juridique» de l’Église de l’Unification, fondée en 1954 en Corée du Sud par Sun Myung Moon, a déclaré à l’AFP, un porte-parole du ministère de l’Éducation.
En octobre 2023, le gouvernement japonais avait saisi la justice pour obtenir la révocation de son statut d’organisation religieuse. Le groupe perdra ses exemptions fiscales, mais selon le système juridique japonais, cela ne l’empêchera pas de poursuivre ses activités, d’où le terme de «dissolution juridique» utilisé en droit japonais.
Bastion financier
La saisine était intervenue à l’issue d’une enquête gouvernementale après l’assassinat de M. Abe en juillet 2022. L’homme mis en examen pour le meurtre de l’ex-Premier ministre, Tetsuya Yamagami – actuellement en détention provisoire et qui pourrait être condamné à la peine de mort si reconnu coupable – en voulait à cette Église, à laquelle sa mère aurait donné environ 100 millions de yens (près d’1 million de francs à l’époque).
Au fil des décennies, ce sont plusieurs centaines de millions d’euros qui pourraient avoir été donnés par les membres japonais, selon certaines estimations. Depuis des décennies, le Japon sert de bastion financier à l’Église de l’Unification, incitant ses fidèles à expier l’occupation de la Corée pendant la guerre et les encourageant à acheter divers objets pour obtenir le pardon de leurs péchés.
Jusqu’à présent, seuls deux groupes religieux ont été privés de leurs droits légaux au Japon, dont la secte Aum Shinrikyo, auteur de l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en mars 1995. Si Aum a ensuite fait faillite, les deux autres groupes religieux qui lui ont succédé continuent d’opérer dans le pays.