JaponTokyo et l'ONU s'écharpent sur la succession impériale
Un comité de l'ONU a critiqué le fait que les femmes ne peuvent accéder au trône nippon. Le Japon lui a coupé (symboliquement) les vivres.

La princesse Aiko (ici à droite, avec ses parents), fille unique de l'empereur Naruhito et de la princesse Masako, n'a pas le droit de monter sur le trône.
AFPLe Japon a annoncé jeudi qu’il cesserait de financer un comité de l’ONU pour les droits des femmes et avait annulé la visite d’un de ses membres, après des appels de cet organisme à modifier les règles de succession réservant le trône impérial nippon aux hommes. La visite dans l’archipel d’un membre du comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a été suspendue, et les contributions financières de Tokyo à son bénéfice ne seront plus versées, a déclaré à la presse le secrétaire général du gouvernement, Yoshimasa Hayashi.
En octobre, ce comité des Nations Unies avait appelé le Japon à «garantir l’égalité des femmes et des hommes dans la succession au trône» impérial, conformément aux «bonnes pratiques» des autres monarchies. Seul un homme peut accéder au trône du Chrysanthème selon la règle actuelle, ce qui fait que l’avenir de la lignée impériale est en suspens avec un seul jeune héritier masculin du trône, le prince Hisahito (18 ans), neveu de l’empereur Naruhito.
Tokyo n'avait de toute façon pas payé depuis 2005
Le Japon s’était vigoureusement défendu et avait exigé que le comité onusien retire sa recommandation, affirmant que les règles de succession impériale n’étaient pas liées aux droits de l’homme ni aux discriminations fondées sur le genre que l’organisation est censée combattre. Le Japon verse chaque année entre 20 et 30 millions de yens (117'000 à 176'000 francs) au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de la femme.
Sous l’égide onusienne, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, composé d’une vingtaine d’experts indépendants, est chargé de surveiller l’application d’une convention internationale sur ce sujet. Selon le Ministère nippon des affaires étrangères, aucune contribution du Japon n’a cependant été versée à ce comité depuis au moins 2005, ce qui rend la décision de cette semaine essentiellement symbolique.
Les sondages d’opinion montrent que de nombreux Japonais sont favorables à l’idée de laisser les femmes monter sur le trône, mais les traditionalistes – soutenus par le Parti conservateur au pouvoir – s’opposent farouchement à une telle évolution qui selon eux transformerait fondamentalement la nation. Le pays avait pourtant connu huit impératrices sous l'ancien régime, avant la restauration Showa. Les discussions parlementaires sur le sujet, visant à éviter une éventuelle crise de succession, n’ont jusqu’à présent abouti à aucune conclusion.