«Rodge dit toujours la vérité, il suffit de l'écouter»

Publié

Tennis«Je le vois bien revenir à Rotterdam»

Pour Marc Rosset et Yves Allegro, Roger Federer retrouvera son niveau s’il peut enchaîner une préparation pleine. Ils misent sur un retour en indoor et en Europe.

Roger Federer soulagé après son sauvetage contre Tennys Sandgren à l’Open d’Australie 2020, un match remporté blessé. EPA/DAVE HUNT AUSTRALIA AND NEW ZEALAND OUT EDITORIAL USE ONLY

Roger Federer soulagé après son sauvetage contre Tennys Sandgren à l’Open d’Australie 2020, un match remporté blessé. EPA/DAVE HUNT AUSTRALIA AND NEW ZEALAND OUT EDITORIAL USE ONLY

KEYSTONE

Roger Federer avait beau avoir préparé son monde, son forfait pour le prochain Open d’Australie a plongé la Suisse un peu plus dans la morosité. «Moi aussi je suis déçu, concède Marc Rosset. Comme tout le monde, je me réjouissais de me lever le matin et de regarder un match de Federer sous le soleil australien. C’est devenu l’un de nos rituels du début d’année.» Un rituel dont il faudra se passer puisque le Bâlois, «malgré des progrès ces deux derniers mois, a décidé de renoncer» au voyage de Melbourne.

Selon moi, la seule inconnue se situe au niveau de son genou. Parce que pour ce qui est du jeu, des choix, je ne me fais aucun souci.

Marc Rosset, Ex-No 9 ATP

«Je suis triste pour lui mais pas du tout surpris, reprend le champion olympique de 1992. Rodge avait dit que la deuxième opération avait été un coup d’arrêt, qu’il avait pris du retard. Nadal et lui disent toujours la vérité, il suffit de les écouter. À 39 ans, il a sans doute besoin de plus de temps pour être rassuré. Je peux m’imaginer qu’il veut être sûr à 100% que ça ne relâchera pas. Rodge est quelqu’un qui prend beaucoup de précautions, il ne joue pas avec son corps. En vingt ans de carrière, il a tout fait pour éviter le moindre anti-inflammatoire.»

Ajouté aux lourdeurs administratives d’un voyage en Australie – sa famille aurait-elle trouvé une place parmi le quota de 1000 personnes autorisées sur sol australien? – son retard de préparation était devenu rédhibitoire.

Lors des dernières semaines, les signaux n’étaient pas très bons. «RF» s’était entraîné presque uniquement en compagnie du retraité Ivo Heuberger, il avait admis lors des Sports Awards avoir pris du retard dans sa préparation. Son forfait n’a donc rien de surprenant. «C’est assez logique de ne pas aller en Australie où une quarantaine et des matches en cinq sets l’attendaient, résume Yves Allegro, qui débutera sa saison dans dix jours à Antalya comme coach de Pierre-Hugues Herbert. Il commence seulement maintenant à monter en intensité, en compagnie de Dominic Stricker (ndlr: le champion de Roland-Garros juniors), qui est à Dubaï avec lui. Toute sa carrière, Rodge ne s’est aligné que s’il était à 100% physiquement. Il a donc pris la bonne décision, surtout qu’il lui reste beaucoup de temps pour préparer ses objectifs prioritaires que sont Wimbledon et les Jeux.»

Treize mois sans match

Reste cette question qui résume son immense défi: comment Roger Federer va-t-il faire pour remettre «la machine» en marche, à 39 ans et demi et après treize mois sans match? «C’est clair que la deuxième opération a allongé tout le processus, reconnaît le Valaisan. Mais si on prend un peu de distance, il avait déjà vécu une rechute en 2016 lorsqu’il était revenu entre Monte-Carlo et Wimbledon. À Londres, il avait traversé tout le tournoi avec du liquide dans le genou. Donc déjà il y a quatre ans, la guérison totale avait pris une année pleine.»

Voilà pour la face optimiste du petit jeu des parallèles. Son versant pessimiste, lui, renvoie à ce double constat: Roger Federer n’avait alors «que» 35 ans et il avait disputé des matches au fil de ce printemps chaotique. «Alors ça dépend de quoi on parle, se lance Marc Rosset. Faut-il craindre le manque de matches? Je ne crois pas. N’oublions pas que nous sortons d’une année étrange, avec très peu de tournois et à laquelle vont s’ajouter une mini ATP Cup et un Open d’Australie. Sur le début de saison 2021, Rodge n’aura donc qu’un ou deux tournois de retard par rapport aux autres. Par contre, les gars sortiront de deux mois de préparation. Donc la vraie question est simple: son corps lui permet-il de s’entraîner à fond? Selon moi, la seule inconnue se situe au niveau de son genou. Parce que pour ce qui est du jeu, des choix, je ne me fais aucun souci. C’est comme faire du vélo. On a vu Del Potro revenir après de longues absences et être immédiatement compétitif. Si le corps va, que la préparation suit, son jeu sera en place.»

Une jolie perspective qui, selon les deux anciens joueurs, devrait avoir pour théâtre la mini-saison indoor européenne entre la mi-février et la mi-mars. «Je le vois bien revenir à Rotterdam (très certainement du 1er au 7 mars)», anticipent-ils en chœur. «C’est là qu’il était allé chercher la place de No 1 mondial en 2017, il y a compilé de bons souvenirs», appuie Marc Rosset. «Je crois qu’il privilégiera des endroits avec lesquels il possède une histoire commune, complète Yves Allegro. Donc Rotterdam assurément et peut-être Marseille (8-15 mars) qui lui avait offert une wild card en début de carrière.» Voilà qui est noté dans l’agenda.

Ton opinion

67 commentaires
L'espace commentaires a été desactivé