Genève«Je voulais que mon petit-fils en fauteuil joue avec les autres enfants»
Une association offre des balançoires et des carrousels adaptés aux enfants à mobilité réduite. Six villes romandes aménagent en ce sens certaines de leurs places de jeux.
C’était en 2017, à la Perle du Lac. Gabriel, 5 ans, voulait faire de la balançoire. Le cœur fendu, sa grand-mère a dû lui expliquer qu’en fauteuil roulant, c’était impossible. Marylène Lopes s’est alors embarquée dans une aventure qui se concrétise ces jours-ci: rendre accessibles aux enfants à mobilité réduite les toboggans, les balançoires et les carrousels de certaines places de jeux.
«On ne souhaitait pas des endroits réservés, non; mais juste adaptés», explique la Genevoise, à la tête d’une association d’aide aux jeunes en situation de handicap, qui porte le nom de son petit-fils. «Je voulais que Gabriel puisse s’intégrer et jouer avec ses copains.» Le projet est devenu réalité. Des équipements fleuriront cet été dans six villes romandes: Carouge et Lancy (GE), Vevey et Yverdon (VD), ainsi que Monthey et Sierre (VS). D’une manière différente, la ville de Genève avait créé en 2018 une aire de jeu qui prenait en compte les besoins des enfants en chaise roulante.
Financement partagé
Grâce aux dons, l’association de bénévoles paie les structures et leur installation, soit entre 15’000 et 20’000 francs par jeu. Les communes agissent en amont, pour un montant semblable. «On finance l’aménagement au sol (la pose d’une dalle en béton et d’un revêtement antichoc autour), ainsi que la signalétique», illustre Julien Woessner, responsable du Service de l’urbanisme de la Ville d’Yverdon. Laquelle livrera fin juillet, au quai de Nogent, un carrousel «dont l’entrée est au ras du sol, sans marche, et plus large, pour faciliter l’accès en chaise roulante».
Comme la Municipalité nord-vaudoise, Lancy (GE) a vu dans le projet associatif une opportunité à saisir. «Nous avons lancé une étude en 2021. Certaines de nos trente aires de jeu sont vieillissantes, peu ombragées et aucune n’est adaptée au handicap, c’était donc une bonne occasion d’aller de l’avant sur ce dernier point, illustre le conseiller administratif Damien Bonfanti. Une place de jeu est un lieu de sociabilisation important pour les enfants, qui peuvent y apprendre le partage et l’acceptation de l’autre.»
Que le début?
Aujourd’hui, l’association Gabriel (ASSOGA) détient toujours un budget suffisant pour six autres installations de jeux. «On rêve d’en développer un maximum, en Suisse romande mais aussi côté alémanique, souffle Marylène Lopes. Les familles avec enfants en situation de handicap ont une vie difficile au quotidien. Elles ont droit à des infrastructures qui permettent à leurs filles et leurs fils de s’amuser comme les autres.»
Joie et émotion au bord du Léman
Frustré et triste de voir des enfants jouer sans pouvoir les rejoindre, Gabriel ne voulait plus aller au parc, témoigne sa mère, Sara. Mardi à Vevey, à l’inauguration du carrousel avec vue sur le lac, «c’était très fort et émouvant de le voir s’amuser avec d’autres». Une bonne chose aussi pour le dos de la maman. «Quand c’est possible, je le porte pour l’asseoir sur un jeu. Là, il évolue librement.» Le V de la victoire brandi au moment de s’installer dans le manège, Gabriel a tout résumé en trois mots: «J’aime trop!»