JO 2024Une boxeuse mime un X et ravive encore la polémique
Battue en demi-finales à Paris, la Turque Esra Yildiz Kahraman a mimé le symbole du double chromosome féminin pour accuser son adversaire Lin Yu-ting.

Le geste d'Esra Yildiz Kahraman en quittant le ring. La boxeuse turque a refusé de le commenter devant les médias.
AFPEsra Yildiz Kahraman quitte le ring des JO de Paris 2024 et mime un «X» avec les doigts. Le public du court central de Roland-Garros - qui accueille les phases finales de la boxe - ne saisit pas le symbole de la Turque, battue en demi-finales des Jeux dans la catégorie des moins de 57 kilos. La scène passe inaperçue.
Le geste est pourtant loin d'être anodin. Son adversaire, la Taïwanaise Lin Yu-ting, est emportée dans la même tempête que l'Algérienne Imane Khelif dans la catégorie des -66 kilos (voir ci-dessous).
Les Turcs refusent d'en dire plus
Les deux femmes sont ciblées par des attaques qui remettent en question leur genre. Le «X» mimé par Yilidiz fait référence au double chromosome féminin, par opposition au chromosome masculin XY.

Lin Yu-ting (en rouge) a plusieurs fois touché au visage Esra Yildiz Kahraman, qui est sept centimètres plus petite qu'elle.
AFP«No comment» a répondu en anglais le coach turc devant les médias qui lui ont posé des questions sur cette protestation. Juste avant, Esra Yildiz Kahraman s'était contentée de quelques phrases en turc. «Je gagnerai l'or à Los Angeles», a-t-elle notamment affirmé.
Yu-ting déjà attaquée en quarts
En quarts de finale dimanche dernier, la Bulgare Sveltlana Staneva avait déjà mimé la 24e lettre de l'alphabet en quittant le ring, battue par Lin Yu-ting. «Je ne suis pas médecin, tout ce que je sais c’est que les chromosomes de mon adversaire n’auraient pas dû lui permettre de concourir», avait insisté la perdante après le combat. Soutenue par son entraîneur qui avait brandi des messages en anglais comme: «Sauvez la boxe féminine».
Après sa qualification pour la finale mercredi, Lin Yu-ting s'est exprimée uniquement dans sa langue maternelle devant les médias. Elle a notamment évoqué un récent rhume et remercié son pays pour le soutien. Ni la polémique mondiale, ni le «X» de son adversaire n'ont été évoqués par les journalistes. Pourquoi? «Parce que nous sommes peut-être plus polis», nous répond un confrère taïwanais, un brin gêné après nous avoir sommairement résumé la discussion.
Ovationnée à Roland-Garros
Dimanche, Lin Yu-ting avait évoqué les nombreux messages de soutien reçus avant son quart de finale. «C’est ce qui me permet de rester forte», avait-t-elle affirmé.

Désignée vainqueure par l'arbitre, Lin Yu-ting peut devenir championne olympique à 28 ans samedi.
AFPA part un sourire radieux, elle n'a pas laissé transparaître d'autres émotions mercredi sous les ovations du central de Roland-Garros. La Taïwanaise n'a pas réagi à la protestation de son adversaire turque qu'elle a largement dominé sur le ring. Son allonge supérieure a fait des malheurs. Elle jouera la médaille d'or de sa catégorie samedi contre la Polonaise Julia Szeremeta (21h45), avec l'assurance d'obtenir au minimum l'argent.
De son côté, Imane Khelif montera aussi sur le ring de Roland-Garros pour le titre olympique, vendredi soir, contre la Chinoise Liu Yan (22h51).
C'est quoi cette polémique?
Les boxeuse Lin Yu Ting et Imane Khelif ont toutes deux participé aux JO de Tokyo, il y a trois ans, et à de nombreuses compétitions féminines par le passé, sans que leur participation ne suscite de polémique.
Mais depuis, elles ont été exclues des championnats du monde 2023 à New Delhi au motif, selon la Fédération internationale de boxe (IBA), qu’elles avaient échoué à un test destiné à établir leur genre.
Pour le Comité international olympique (CIO) en revanche, leur éligibilité ne fait aucun doute et elles peuvent participer au tournoi féminin des Jeux. Mais l’exclusion de New Delhi a refait surface quand l’adversaire d’Imane Khelif au premier tour, l’Italienne Angela Carini, a abandonné dès les premières secondes de leur combat.
La controverse, sur fond de relations exécrables entre le CIO et l’IBA, est devenue mondiale avec un déchaînement de commentaires en ligne contre la présence à Paris des deux boxeuses. Des réactions hostiles sont venues aussi de personnalités conservatrices comme la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, ou l’ex-président américain, Donald Trump.
Les deux boxeuses ont reçu le soutien du CIO et des autorités de leurs pays. (AFP)