Une femme victime d'un AVC doit faire face à des insultes dans la rue

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Journée mondiale de l’AVC«Dans la rue, certains se montrent hyper agressifs avec moi»

Une quinqua lausannoise a eu un AVC à l’âge de 12 ans. Les séquelles ont entraîné des handicaps invisibles qui suscitent parfois des réactions inappropriées.

L’association Fragile Suisse vient en aide aux personnes touchées par une lésion cérébrale et à leurs proches dans toute la Suisse.

L’association Fragile Suisse vient en aide aux personnes touchées par une lésion cérébrale et à leurs proches dans toute la Suisse.

fragile.ch

Depuis la naissance, la vie de Nathalie a été jalonnée de combats pour la survie. Dès qu’elle a poussé son premier cri, il y a cinquante-cinq ans, une malformation vasculaire cérébrale a été détectée. «Des vaisseaux  se sont agglomérés et ont formé  un angiome cérébelleux caverneux. J’ai eu une tumeur vers l’âge de 9 ans», explique la quinquagénaire. Cette maladie a provoqué des troubles neurologiques perçus à tort par les médecins de l’époque comme des troubles psychologiques. À l’âge de 12 ans, la tumeur s’est rompue et a comprimé le cerveau de Nathalie. Ce qui a conduit à un AVC suivi d’un coma.

La veille de l’attaque, la maman de Nathalie l’avait emmenée à l’hôpital à cause de divers symptômes et une perte de poids inquiétante. «Si la doctoresse avait fait son travail correctement, j’aurais pu être opérée, avant que l’angiome ne saigne et j’aurais eu dix fois moins de séquelles que maintenant», soupire Nathalie. «Ma petite sœur, qui a la moitié de mon âge, était du coup devenue comme ma grande sœur. Ma mère a dû arrêter son job de secrétaire pour s’occuper de moi», se souvient Nathalie. 

Depuis, les conséquences ont été terribles pour Nathalie, avec notamment des séquelles synonymes de handicaps invisibles: grande fatigabilité, problèmes de mémoire et de vision. La Fribourgeoise domiciliée dans la région lausannoise a dû réapprendre à parler sans l’aide d’un logopédiste. Pendant une décennie, par fierté, elle a refusé de demander l’AI. Elle a pu faire un apprentissage de commerce jusqu’à obtenir un CFC. «C’était épuisant pour moi car, pour y arriver, je devais faire quatre fois plus d’efforts que les autres.»

«Poufiasse, reste à la maison»

Malgré tout, Nathalie a pu trouver un job d’employée de commerce, s’est mariée et a eu deux enfants, aujourd’hui âgés de 21 ans et 23 ans. Mais la quinqua, suivie par l’association Fragile Suisse, a des séquelles de l’AVC. Des séquelles qui suscitent parfois des regards désapprobateurs et des remarques inappropriées. «Je ne vois quasi rien du côté gauche. Dans la rue, certains se montrent hyper agressifs avec moi. Une fois, un homme m’a dit «Poufiasse, quand on ne sait pas marcher, on reste à la maison». Je lui ai répondu: «Désolé, je n’ai pas les yeux au cul». Mon sens de la répartie est mon allié», fait remarquer Nathalie. La femme à la démarche chancelante se fait parfois invectiver dans la rue. Quand elle entend «Tu es trop pétée», pince-sans-rire, elle répond toujours: «Oui, j’ai trop bu».

Malvoyante, Nathalie se considère «comme une aveugle sans canne». Même si elle estime que des signes visuels signalant ses handicaps auraient suscité plus d’empathie, elle ne veut pas de la pitié des autres. Mais, bien qu’elle n’ait pas eu une vie de rêve, Nathalie se refuse de rêver sa vie. Elle a accepté ses handicaps invisibles. Ce qui ne l’empêche pas de s’engager bénévolement pour autrui. Elle donne des cours d’informatique aux personnes âgées et des cours de français à des migrants allophones. Nathalie s’adonne aussi à la chanson et à la sensual dance. «La féminité et la sensualité sont très importantes pour moi.»

Douze millions de personnes touchées par année

Toutes les quatre minutes, une personne est victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC), dont la journée mondiale est célébrée ce 29 octobre. Selon les données de l’OMS, une personne sur cinq aura un AVC dans sa vie. Le quart des AVC concerne des moins de 65 ans, la moitié touche les 65-84 ans et un autre quart, des personnes d’au moins 85 ans. C’est la troisième cause de décès et la deuxième cause de démence dans le monde. Environ 800’000 personnes ont survécu à un AVC. Parmi elles, environ 60% gardent des séquelles neurologiques plus ou moins importantes sous forme de déficit moteur, de troubles du langage, de troubles sensitifs ou visuels pour ne citer que les plus fréquents. Selon l’OMS, en 2019, 12 millions de personnes ont eu un AVC dont les 50% sont décédées.  Il peut survenir à tout âge chez l’adulte.

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