Le procureur général espagnol comparaît devant un juge

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JusticeLe procureur général espagnol comparaît devant un juge

Le plus haut magistrat du parquet espagnol est inculpé dans une affaire de fuites judiciaires.

Le procureur général Álvaro García Ortiz est accusé d'avoir fait fuiter des informations judiciaires.

Le procureur général Álvaro García Ortiz est accusé d'avoir fait fuiter des informations judiciaires.

AFP

Le plus haut magistrat du parquet espagnol, le procureur général Álvaro García Ortiz, comparaît mercredi devant un juge qui l’a inculpé dans une affaire de fuites judiciaires embarrassante pour le Premier ministre Pedro Sánchez, fragilisé par une série de scandales visant son entourage. Ce dossier visant le procureur général, arrivé mercredi matin au Tribunal suprême de Madrid, sans faire de déclarations, est une première dans l’histoire judiciaire espagnole.

Le juge Ángel Hurtado soupçonne M. García Ortiz, nommé en août 2022 sur proposition du gouvernement de gauche, d’être à l’origine de la publication en mars 2024 dans la presse d’un mail évoquant un possible accord de plaider-coupable – finalement non signé – entre le parquet et le compagnon d’une figure de l’opposition de droite, Isabel Diaz Ayuso, poursuivi pour fraude fiscale.

Enquête inédite

Le juge a en effet estimé, sur la base des premiers éléments recueillis, qu’il existait «un faisceau d’indices suffisant pour envisager une participation importante» du procureur général à «cette fuite» d’informations. Au cœur de son enquête, inédite dans l’histoire judiciaire espagnole, figure un échange de courriel entre le parquet et l’avocat du compagnon de Mme Ayuso, présidente de la région de Madrid, autour d’une proposition d’accord de plaider-coupable.

M. González Amador, qui avait saisi la justice après ces fuites, entraînant l’ouverture en octobre 2024 de l’enquête visant le procureur général, est soupçonné d’avoir fraudé l’administration fiscale espagnole entre 2020 et 2021 à la tête de son entreprise, qui effectuait des prestations de services de santé et qui a vu ses revenus gonfler pendant la pandémie de Covid-19.

«Une justice politisée»

Cette affaire «me préoccupe profondément parce que je pense que cela entraîne une détérioration du fonctionnement institutionnel», a commenté le politologue Pablo Simon. «Le message transmis à l’ensemble du public est celui d’une justice politisée. Une justice partiale: nous n’acceptons la justice que quand elle nous est favorable, et nous sommes contre quand elle nous est défavorable», a-t-il conclu.

En octobre, Álvaro García Ortiz avait démenti avoir fait fuiter, directement ou via ses services, des informations sur le dossier González Amador et s’était dit serein face à l’ouverture de l’enquête. «Le bureau du procureur n’a pas pour mission de divulguer des courriels pendant la nuit», avait insisté le procureur.

Ces explications n’ont pas convaincu l’opposition, Parti populaire (PP) en tête, qui ne cesse de réclamer la démission du procureur général depuis que l’affaire a éclaté. Cheffe de file de l’aile dure du PP, Mme Díaz Ayuso a pris ces derniers mois la défense de son compagnon, dénonçant une persécution «sauvage» de l’État. Elle accuse l’entourage de Pedro Sánchez d’avoir organisé ces fuites auprès des médias espagnols, avec l’aide du procureur général.

(afp/jw)

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