Kiev: «Il ne peut y avoir discussion sur l’Ukraine sans l’Ukraine»

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Kiev«Il ne peut y avoir discussion sur l’Ukraine sans l’Ukraine»

Le pouvoir comme la population redoutent une «paix» imposée par Trump et Poutine.

Trois ans de guerre ont épuisé les habitants.

Trois ans de guerre ont épuisé les habitants.

IMAGO/NurPhoto

Peu d’officiels ukrainiens ont réagi publiquement, ce jeudi, au téléphone entre le président américain Donald Trump et le russe Vladimir Poutine, et la perspective d’une rencontre entre les deux hommes en Arabie saoudite. Dans l’entourage de Volodymyr Zelensky, on appelait à la prudence. «Il y a trop de rumeurs inutiles et de théories du complot», estimait Daria Zarivna, conseillère en communication. Le président ukrainien lui-même a appelé Washington à convenir d’un plan pour «arrêter» la Russie avant toute négociation.

À Kramatorsk, menacée par l’avancée des troupes russes, à 20 km de la ville, la population est, comme ailleurs, fataliste. «Je suis contrariée qu’il y ait une discussion sur l’Ukraine sans l’Ukraine», confie Vita, tenancière d’un salon de toilettage, à la BBC. Andriï, un prêtre, est plus prudent. «Clairement, quelque chose doit être fait, car nous perdons des gens et des territoires tous les jours. Mais à quelles conditions, voilà la question.»

Pas une «trahison» de Kiev

L’inquiétude régnait chez les Européens, qui craignent eux aussi d’être tenus à l’écart, à la veille d’une réunion des ministres de la Défense de l’OTAN à Munich. Arrivé jeudi, le nouveau chef du Pentagone, Pete Hegseth, a réfuté toute «trahison» de Kiev. Tout accord de paix sur l’Ukraine négocié «dans le dos» des Ukrainiens et Européens est voué à l’échec, a prévenu la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, évoquant la date de 1938, quand Londres et Paris avaient entériné l’annexion d’une partie de la Tchécoslovaquie par Hitler, en pensant que l’Allemagne nazie n’irait pas plus loin. Un accord qui avait été signé à... Munich

Pas encore de date

Le Kremlin a affirmé jeudi qu’il n’y avait aucune décision sur la date de la rencontre Trump-Poutine pour le moment et que cela pourrait «prendre des mois». Se voulant rassurant, il a ajouté que l’Ukraine participerait aux pourparlers «d’une manière ou d’une autre». Mercredi, l’administration américaine avait fait savoir que l’adhésion de Kiev à l’OTAN n’était «pas réaliste», pas plus qu’un retour aux frontières ukrainiennes d’avant 2014. De quoi ravir Moscou.

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