360 millions pour des chars - «L'armée continue à s'équiper contre des guerres d'un autre temps»

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360 millions pour des chars«L'armée continue à s'équiper contre des guerres d'un autre temps»

La Commission de la politique de sécurité du Conseil national accepte les demandes de crédits de l’armée. Certains des élus sont dépités.

Ces nouveaux chars pourront éliminer des obstacles et en construire d’autres.

Ces nouveaux chars pourront éliminer des obstacles et en construire d’autres.

Armée suisse

Ils seront tout neufs et un peu moins polluants qu’avant: la Suisse va acheter 60 véhicules pour sapeurs de chars pour renouveler la flotte actuelle, en service depuis 1963. L’achat coûtera 360 millions de francs, puis 3 millions par année pour la maintenance. «Ils éliminent des obstacles, débloquent des axes et ouvrent des voies minées. En parallèle, ils érigent des obstacles et limitent ainsi la mobilité des formations adverses», dit le Conseil fédéral dans son «Message sur l’armée 2021».

L’armée se veut écolo

Cette année, Viola Amherd avait teinté son discours de vert. Même en ce qui concerne ces achats: «Ces véhicules satisfont à des normes antipollution plus strictes et consomment bien moins de carburant. Ils sont donc plus écologiques et plus efficients sur le plan énergétique que les anciens modèles», dit aussi le Conseil fédéral.

La Commission de la politique de sécurité du Conseil national s’est prononcée ce mardi et a accepté toutes les demandes de crédit, dont celle pour les chars. Une minorité de ses membres a tenté de diviser par trois le montant qui leur serait accordé; une autre minorité a tout simplement demandé que la Suisse renonce. «Ces propositions ont toutes deux été rejetées par 17 voix contre 8», note la commission dans son communiqué de presse.

«Une liste au Père Noël»

Parmi ceux qui voulaient la peau des chars, certains n’ont pas attendu la publication du communiqué pour faire part de leur dépit. Et puisque l’armée a voulu jouer sur le terrain des écolos, c’est ceux-ci qu’elle a trouvés et ils ont riposté et fait connaître leur avis sans attendre.

«L'armée continue à s'équiper contre des guerres d'un autre temps et tente de dissimuler son impact destructeur sur l'environnement sous un voile vert qui n'est rien d'autre que du greenwashing...», ont twitté les Vert·e·s. Pour la conseillère nationale Léonore Porchet (Vert·e·s/VD), les discussions en commission «n'ont été qu'une longue liste au Père Noël pour mes collègues militaristes…», comme elle l’écrit sur le réseau social.

Au contraire, pour la Confédération, ces achats sont nécessaires et en phase avec l’époque: «les capacités des sapeurs de chars seront mieux adaptées aux menaces actuelles, notamment au nouveau tableau des conflits et aux interventions en terrain plus densément construit», dit-elle dans le dossier de présentation des achats.

Des milliards en jeu

Au total, le crédit qui doit être accordé se monte à 2,3 milliards. Il comprend diverses mesures qui visent notamment à réduire les émissions de CO2 de l’armée de 40% d’ici à 2030 par rapport à celles émises en 2001. Il est aussi prévu d’installer des panneaux photovoltaïques sur une surface totale de 18’000 m², répartis sur treize sites. La quantité de courant produite excédera les 2,8 gigawattheures par an, soit la consommation électrique de 650 ménages environ. Les achats de l’armée comprennent également l’acquisition de 1500 remorques à essieux pour un montant de 66 millions de francs.

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