NeuchâtelAgression à l’acide: six ans de prison
L’auteur d’une attaque commise dans un parking a été reconnu coupable d’un geste jugé «odieux».

L’agression a été commise dans ce parking, le 11 février 2021.
lematin.ch/Vincent DonzéL’agresseur à l’acide s’est présenté devant ses trois juges dans une chemise noire sous un pull gris, fraîchement sorti d’un barbier-coiffeur. Pour l’attaque commise le 11 février 2021, sur son ancienne compagne, dans un parking souterrain Neuchâtelois, alors qu’elle rentrait de son travail dans un bar à 3 h 40, ce ressortissant afghan écope de quatre ans de prison, peine déterminée par la Cour criminelle du Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers.
L’agresseur de 21 ans s’y est pris à deux fois, l’hiver dernier. D’abord en sonnant à la porte de sa proie déguisé en livreur de pizza, puis en l’attendant encagoulé dans le parking souterrain d’un immeuble où elle résidait. Après l’avoir frappée par derrière avec un objet solide, il a aspergé Laurie au moyen de deux produits corrosifs.

Laurie a déménagé et n’habite plus dans cette rue de Neuchâtel.
lematin.ch/Vincent DonzéLaurie a trouvé refuge chez un voisin qui l’a douchée tout habillée. Trois jours d’hospitalisation n’ont pas effacé une balafre, du milieu du front jusqu’à la tempe gauche, ainsi que de légères marques au niveau des mains, des lésions atténuées par la suite avec une intervention au laser. En dépit de nécroses et d’une perte de cheveux, une greffe ne s’est pas imposée.
Mêlé à un braquage commis à Bienne, le prévenu a nié son implication et son avocat fera appel. Pour expliquer l’agression commise à Neuchâtel, il a affirmé que Laurie était enceinte. «Elle voulait avorter mais moi je ne voulais pas», a-t-il lâché lors de son interrogatoire.

Laurie était finaliste de Miss Suisse francophone 2016.
dr.La procureure avait requis sept ans et quatre mois de prison, assortie d’une expulsion du territoire suisse d’une durée de dix ans à l’encontre de l’Afghan né en Iran et entré en Suisse à 14 ans, une peine englobant le brigandage à la barre de fer commis à Bienne contre le patron d’un établissement public.
Selon la Cour, l’agresseur avait l’intention de défigurer son ancienne compagne, finaliste de Miss Suisse francophone 2016. L’acide utilisé était «extrêmement corrosif» et «la défiguration aurait pu être bien pire encore», quand bien même la figure de la victime est altérée de manière permanente.

Le jugement a été rendu ce mardi par la Cour criminelle du Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers.
lematin.ch/Vincent DonzéPour les trois juges neuchâtelois, l’agresseur a déployé «une énergie criminelle considérable». Son unique motivation: la volonté de nuire à sa victime! Pour l’empêcher d’interrompre une grossesse? Cette explication n’a pas été jugée «suffisante» par le tribunal.
La méthode utilisée est apparue «particulièrement odieuse». Reconnu coupable de lésions corporelles graves, le prévenu écope de quatre ans de prison pour l’attaque à l’acide, d’un an de prison pour la tentative qui a échoué et de quinze mois pour le brigandage de Bienne. Total: 6 ans et trois mois.
Expulsion inexécutable
Détenteur d’un permis F, l’agresseur n’est pas «renvoyable», selon le président de la Cour, si bien qu’ordonner une expulsion inexécutable serait contraire à l’intérêt public: cette sanction ne ferait qu’«accentuer le risque d’un nouveau passage à l’acte».
Deux indemnités, l’une de 13’000 francs pour dommages et intérêts et l’autre de 35’000 francs pour tort moral, ont été allouées à la victime neuchâteloise. Ce sont 120’000 francs de frais de justice qui sont à la charge du condamné.