Logement: «La classe moyenne n’est plus en mesure de devenir propriétaire»

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Logement«La classe moyenne n’est plus en mesure de devenir propriétaire»

L’économiste en chef de la banque Raiffeisen estime que l’accès à la propriété du logement est barré pour les familles de classe moyenne. Il faut des incitations fiscales, demande-t-il.

TAMEDIA AG/Urs Jaudas

Acheter son logement est devenu inabordable pour la plupart des familles, selon l’économiste en chef de la banque Raiffeisen, Martin Neff. «La classe moyenne n’est effectivement plus en mesure de devenir propriétaire. L’accès à la propriété du logement lui est barré», estime-t-il dans une interview accordée à la «NZZ am Sonntag».

Propriétaires pénalisés

«Aujourd’hui, la Suisse n’encourage pratiquement plus l’accession à la propriété, bien que ce soit un mandat constitutionnel», regrette-t-il. «En fait, on fait exactement le contraire», selon lui. «Ces dernières années, les propriétaires ont été pénalisés fiscalement à cause de la valeur locative, car celle-ci était plus élevée que les déductions d’intérêts. Ce qui n’a jamais été prévu, et cela on ne le dit pas.»

Pourtant la Suisse a le taux d’endettement hypothécaire par habitant le plus élevé du monde. Un argument balayé par Martin Neff. «C’est un raisonnement trop simple. Car nous faisons également partie des pays ayant la plus grande fortune par habitant. La fortune est 3,5 fois plus élevée que la dette, une valeur que peu de pays peuvent afficher, rétorque-t-il. Il en résulte une aversion au risque qui empêche de nombreux ménages d’accéder à la propriété.»

Incitations fiscales

Comment, dès lors, encourager l’achat d’un logement? L’économiste préconise d’abaisser les prescriptions en matière de charge financière, ou de créer des incitations fiscales pour l’épargne-logement. Il estime aussi que la Suisse a besoin d’un droit d’opposition qualifié. «Celui qui dépose un recours doit pouvoir prouver un intérêt matériel et pas seulement un intérêt idéologique», explique-t-il.

Et à ceux qui comptent sur la hausse du taux hypothécaire et un éventuel crash du marché immobilier pour s’offrir la maison de leur rêve, il répond: «Mauvaise stratégie!» Car on est loin d’une telle situation. «Un crash signifierait que les prix s’effondreraient de deux chiffres en peu de temps. Je ne vois absolument pas ce danger, souligne-t-il. Nous avons un énorme excédent de demandes par rapport à une offre très faible. Les prix ne peuvent donc pas baisser.» Et de conseiller: «Quiconque trouve quelque chose qui lui convient, tant au niveau du cœur que du prix, devrait sauter sur l’occasion.»

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