Suisse - La flexibilisation du travail devrait se généraliser, au moins en partie

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SuisseLa flexibilisation du travail devrait se généraliser, au moins en partie

De nombreux employés ont apprécié la pratique du home office. Elle devrait survivre à la crise du coronavirus dans les entreprises suisses, même les petites.

Le home office devrait perdurer pour celles et ceux qui le souhaitent, au moins un à deux jours par semaine.

Le home office devrait perdurer pour celles et ceux qui le souhaitent, au moins un à deux jours par semaine.

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La crise du coronavirus a mis en télétravail tout un pan de la population active qui ne l’avait jamais ou très peu pratiqué avant. Si certains ont souffert de cet isolement professionnel, d’autres y ont pris goût. Une étude mondiale réalisée par Adecco a montré que 74% des salariés souhaitent pouvoir continuer à œuvrer depuis la maison, idéalement à mi-temps.

Dans les entreprises suisses, le télétravail n’est pas nouveau. «Pratiquement toutes les grandes et environ la moitié des moyennes le pratiquaient déjà depuis une dizaine d’années, plus en Suisse alémanique qu’en Suisse romande», note Eric Davoine, professeur en management à la chaire Ressources humaines et organisation de l’université de Fribourg. Avec Xavier Salamin, professeur à l’Institut entrepreneuriat et management de la HES-SO Valais, il étudie actuellement l’évolution de cette flexibilisation du travail, avec le soutien des sections romandes de l’association de spécialistes en ressources humaines HR Swiss.

Une culture à mettre en place

Et le constat est là: oui, le home office va se poursuivre. Pas à plein temps comme en période de pandémie, et heureusement, note Eric Davoine. Car la pratique pose quantité de problèmes, légaux et humains, qui vont de la santé au travail et de l’intervention dans l’espace privé du collaborateur à la passation des connaissances entre générations et aux pratiques managériales.

«La culture du travail n’est pas la même lorsqu’on est en home office que lorsqu’on se retrouve tous dans le même espace et dans le même temps. Au bureau, on voit ce que font les autres. A distance, l’efficacité se mesure dans le délivrable, à la performance, dans une relation qui ressemble plus à celle du prestataire de service qu’à celle du salarié», avec tous les risques que cela comporte. Et celui qui inquiète le plus les syndicats et les inspecteurs du travail, ce sont les personnes qui en font trop!

Selon les spécialistes, la seule façon de flexibiliser intelligemment le travail dans l’entreprise est de commencer par des essais pilotes. Ils permettent de définir, dans chaque secteur, des manières appropriées de fonctionner et d’établir des règles de travail et des chartes qui fixent des limites claires à chacun. Une évolution qui va prendre un peu de temps dans les entreprises qui n’ont pas encore acquis cette expérience.

Un exercice qui a ses limites

Le télétravail n’est évidemment pas à la portée de tout le monde. Il exclut d’office toutes les personnes qui ne peuvent pas pratiquer depuis la maison, notamment celles qu’on appelle les «cols bleus». Et les apprentis aussi, puisqu’ils doivent légalement être encadrés durant toute leur période de formation. Les collaborateurs juniors, eux, ont besoin des connaissances et compétences de leurs aînés pour pouvoir évoluer. Ce qui imposera aux seniors de se rendre régulièrement au bureau. Dans ce contexte, le télétravail ne sera jamais instauré à plein temps. En revanche, il devrait facilement pouvoir être mis en place un à deux jours par semaine, voire trois dans certains secteurs.

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