Corée du NordLa perte de poids de Kim, source de propagande pour le régime
L’état de santé de Kim Jong-un occupe les esprits en Corée du Nord. Même la télévision souligne la perte de poids du leader, qui passe pour un dirigeant «dévoué et travailleur».

A gauche, Kim Jong-un début avril. A droite, le leader nord-coréen à la mi-juin. Même la télévision nationale a parlé de sa perte de poids…
KCNA VIA KNS / AFPLa télévision nord-coréenne a diffusé un commentaire inhabituel d’un habitant sur le physique «amaigri» de Kim Jong-un, une remarque étonnante dans un pays où toute évocation de la vie privée et de l’état de santé du dirigeant est interdite. Selon des analystes, cette remarque traduit la volonté des autorités de mettre à profit la perte de poids du leader nord-coréen pour renforcer la fidélité au régime, en proie à des difficultés.
Le Nord, dont l’économie est plombée par de multiples sanctions internationales imposées en riposte à ses programmes militaires interdits, est plus que jamais isolé depuis la fermeture de ses frontières pour empêcher la propagation du coronavirus.
Crise alimentaire
Mi-juin, Kim Jong-un a reconnu que son pays connaissait une crise alimentaire, tirant ainsi la sonnette d’alarme dans un pays où le secteur agricole est depuis en proie à de graves difficultés. L’état de santé du leader est scruté de près sur le plan international, et sa soudaine disparition susciterait des problèmes quant à sa succession et à la stabilité du régime.
Ce fumeur invétéré souffre depuis longtemps d’obésité, et son poids n’a pas cessé d’augmenter ces dernières années. Récemment, il est apparu sur des photos publiées par l’agence officielle nord-coréenne KCNA ou sur les images de la télévision d’État avec des kilos en moins.
Cœur brisé
La vie privée de Kim Jong-un est taboue pour les médias nord-coréens mais, la semaine dernière, KCTV a diffusé un extrait dans lequel un habitant de la capitale affirme que «voir notre respectable secrétaire général amaigri est ce qui brise le plus le cœur de notre peuple».
Selon des analystes, Pyongyang utilise l’apparence de Kim Jong-un pour le glorifier en le dépeignant comme un dirigeant «dévoué et travailleur», alors que le pays s’efforce de faire, notamment, face à sa crise alimentaire.
«Il saute des repas»
Le Nord a fermé ses frontières en janvier 2020 et le commerce avec la Chine, son premier soutien économique et diplomatique, s’est réduit à peau de chagrin. «Le message que Pyongyang envoie, c’est que Kim Jong-un est un dirigeant qui travaille très dur pour son peuple, au point de sauter des repas et de perdre du poids», a affirmé Ahn Chan-il, un transfuge nord-coréen devenu chercheur à l’Institut mondial pour les études nord-coréennes, basé à Séoul.
L’an passé, le leader n’était pas apparu publiquement durant trois semaines, suscitant des spéculations sur son état de santé. Son absence avait notamment été remarquée le 15 avril 2020, journée la plus importante du calendrier politique nord-coréen, car tout le pays commémore alors la naissance du fondateur du régime, Kim Il-sung, le grand-père de l’actuel dirigeant.