Communauté «20 minutes»«La Saint-Valentin, c’est embarrassant!»
Offrir des roses et des petits cœurs le 14 février n'est plus d'actualité chez les jeunes Suisses. Une grande partie de la communauté de «20 minutes» ne fête pas la Saint-Valentin, par principe.
Ce lundi 14 février, c'est la Saint-Valentin: comme chaque année, dîners aux chandelles, roses et chocolats en forme de cœur sont de mise. Le commerce des fleurs profite particulièrement de cette fête: selon la Communauté suisse du commerce de gros des fleurs, la branche réalise alors environ 5% du chiffre d'affaires annuel. Les roses n'ont par ailleurs jamais été aussi chères pour la fête des amoureux qu’actuellement.
Mais il semblerait que tout ce bazar autour de la Saint-Valentin laisse la jeunesse indifférente. «La Saint-Valentin, c’est quand même complètement ‘cringe’», écrit ainsi un lecteur alémanique sur Instagram, signifiant par là que cette fête est embarrassante. Et il s’avère que beaucoup sont d'accord avec son opinion: la majorité des moins de 25 ans affirme ne pas fêter la journée de l'amour, qui serait même inutile. «Je n'y crois pas du tout. Quand on est en couple, on devrait agir chaque jour comme si c'était la Saint-Valentin», déclare ainsi une autre internaute. Un micro-trottoir réalisé à Lausanne laisse transparaître les mêmes impressions: une majorité des jeunes interrogés répond «sauve qui peut» à la question de savoir «A la Saint-Valentin, coin du feu ou sauve qui peut?» Une passante affirme ainsi: «Pas besoin de Saint-Valentin pour être coquin.»
D’où vient la Saint-Valentin?
Katja Rost, sociologue à l’Université de Zurich, n’est pas étonnée par ces réactions: «Les jeunes ont grandi dans un monde où tout peut s'acheter, à condition d'avoir suffisamment d'argent. C'est précisément cela que de plus en plus de jeunes rejettent.»
Selon l’experte, beaucoup se définissent désormais par la durabilité et l'authenticité, c'est-à-dire le vrai. «Mais la Saint-Valentin est exactement le contraire: elle représente le monde capitaliste et encore plus de consommation.» Alors que les personnes âgées ignorent de plus en plus la Saint-Valentin, les jeunes s'y opposent activement, estime-t-elle. «En fin de compte, l'amour n'est pas une marchandise commercialisable. Chacun souhaite être aimé pour lui-même et non pas être acheté», explique Katja Rost.
Davantage d’activités, moins de chocolat
Stefan Michel, professeur de marketing à l'IMD Business School de Lausanne, doute néanmoins que les plus jeunes renonceront réellement à offrir une rose à leur bien-aimé(e) le jour de la Saint-Valentin. Et il rappelle: celles et ceux qui avaient 14 ans au début de la crise en ont 16 désormais. «Ces personnes se trouvent maintenant dans une phase de vie totalement différente et veulent vivre quelque chose», explique Stefan Michel. Avec la fin de la pandémie, les activités primeront donc fort probablement sur le chocolat, explique le professeur.