La Suisse reconnaît le Kosovo
La Suisse reconnaît l'indépendance du Kosovo. Le Conseil fédéral a fait sienne mercredi la proposition de Micheline Calmy-Rey.
Cette nouvelle étape dans la reconstitution politique de la région demeure «préférable à toute autre alternative», selon lui.
«La clarification du statut du Kosovo est une condition pour la stabilité et le développement économique et politique de la région des Balkans occidentaux toute entière», a déclaré le président de la Confédération Pascal Couchepin devant la presse.
Pour le gouvernement, «dans une telle situation, où les enjeux émotionnels sont importants et les intérêts contradictoires, il n'y a pas de solution idéale». L'indépendance du pays est néanmoins la meilleure alternative, d'autant que les autorités se sont engagées à respecter les obligations découlant de la Proposition globale de règlement portant statut du Kosovo de l'envoyé spécial de l'ONU.
Pas un précédent
La Suisse va donc établir des relations diplomatiques et consulaires avec Pristina. Compte tenu des circonstances spécifiques du cas du Kosovo, cette reconnaissance ne constitue pas un précédént, a averti le Valaisan. La Suisse n'entend pas soutenir les velleités sécessionistes d'autres régions ou groupement autonomistes.
Par son geste, le Conseil fédéral a voulu exprimer sa volonté de poursuivre l'engagement de la Suisse et de participer activement aux efforts internationaux dans la région. Les deux commissions de politique extérieure du Parlement l'avaient exhorté à faire pas la semaine dernière.
A la question de savoir si la ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey, qui prône l'indépendance du Kosovo depuis plus de deux ans, avait forcé la main du collège, M. Couchepin s'est montré diplomate. Il a laissé répondre l'ambassadeur Christian Meuwly, chef de direction politique consacrée à l'Europe.
«Le Département des affaires étrangères a estimé que la situation du Kosovo est à nulle autre pareille», a expliqué ce dernier, rappelant les faits historiques et l'échec d'une solution négociée avec la Serbie.
Serbie et FMI
La reconnaissance du nouvel Etat va néanmoins de pair avec la volonté de resserrer les relations étroites entretenues avec la Serbie et de renforcer la très bonne coopération entre Berne et Belgrade, a insisté Pascal Couchepin.
La situation est particulièrement délicate, dans la mesure où la Serbie fait partie du groupe de vote de la Suisse au Fonds Monétaire International (FMI) et à la Banque Mondiale. «Nous allons tout faire pour que la Serbie continue de se sentir à l'aise dans ce groupe», a déclaré M. Couchepin face aux questions de la presse concernant un possible retrait de Belgrade.
Le Conseil fédéral a en outre l'intention de renforcer l'aide à la Serbie. «Nous avons analysé ce matin ce que nous faisons pour ce pays et avons exprimé notre volonté de faire mieux, pour amortir le choc que constitue l'indépendance du Kosovo pour les Serbes», a précisé M. Couchepin.
Avant d'annoncer sa décision au public, le président de la Confédération a transmis une lettre à son homologue serbe Boris Tadic. La ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey en a fait de même avec son homologue.
210 000 Kosovars et Serbes
Une quarantaine de milliers de Serbes, binationaux y compris, vivent en Suisse. Les Kosovars se montant à quelque 170 000, dont environ 40 000 possédant aussi la nationalité helvétique.
Une vingtaine de pays, dont les Etats-Unis et plusieurs européens, ont déjà reconnu le nouvel Etat. Au sein de l'Union européenne, l'Espagne, la Grèce et la Roumanie font partie de ceux qui s'y opposent, à l'instar de la Serbie et de la Russie. y
(ats)