PublicitéLa vente de «boîtes à coke» met le web mal à l’aise
Une publicité proposant un produit implicitement destiné à la consommation de drogue a fait un tollé sur Instagram. Toutefois, rien n’interdit cette pratique.
«Je suis sérieusement en train de voir une pub pour de la coke? Incroyable…» «L’apologie de la drogue ? Cette page a dépassé les bornes!» «Je me désabonne.» … Voilà la teneur des réactions outrées des internautes lorsqu’une page de memes humoristiques très suivie sur Instagram a publié une annonce étrange. Une vidéo sans description précise de la raison d’être du produit Made in Switzerland, mais qui ne laisse que peu de place au doute: on y voit une boîte anthracite ou dorée, format carte de crédit, contenant des petites cavités bien alignées ainsi qu’une paille, accompagnée du slogan «C’est comme ça que les élites font la fête».
Public aisé trop souvent oublié
La page a publié deux publicités du même type en quelques jours, tout en les supprimant peu après, comme à son habitude. En fouillant le site de la société annonceuse, on découvre qu’elle présente son produit comme servant à la prise de tabac de type schnouff. Toutefois, plusieurs connaisseurs s’entendent: «ce n’est pas comme cela qu’on prend de la schnouff, ce produit n’est pas destiné à ces consommateurs.» Le look élitiste et luxueux des publicités, le prix de l’objet (de 200 à 1500 fr.) ou encore les références à la cocaïne dans des produits dérivés dissout tout doute à ce sujet.
Rien n’interdit toutefois la vente et la promotion d’accessoires liées à des substances elles-mêmes illégales, rappellent des spécialistes du domaine. Le Groupement romand d’études des addictions (GREA) confirme que ces boîtes semblent bien destinées à la cocaïne, pour un public trop souvent oublié des politiques de lutte contre les addictions: une frange aisée, des banquiers ou des avocats par exemple, qui consomment surtout dans un cadre professionnel ou festif.
Réduction des risques
«On peut voir dans ce produit un outil de réduction des risques, en évitant par exemple d’utiliser des billets de banque ou d’autres objets peu hygiéniques, reconnaît le GREA. Le problème, c’est que cela banalise cette substance et la rend glamour.»
Contactées, ni la société vendeuse ni la page ayant hébergé la publicité n’ont répondu à nos sollicitations.
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