DéfenseL’armée suisse pas prête pour la guerre de «demain» selon deux observateurs
Trop de bureaucratie, manque de vue stratégique, deux chercheurs d’un groupe de réflexion estiment que l’armée suisse est mal préparée aux défis futurs.

Malgré la hausse du budget, l’armée suisse ne serait pas bien organisée pour répondre aux défis futurs, selon le groupe de réflexion Swiss Institute for Global Affairs (image d’illustration).
Tamedia AGMalgré la hausse du budget qui devra passer de 5,4 milliards à environ 9 milliards de francs (1% du PIB) d’ici à 2030, l’armée suisse ne serait pas en mesure de répondre aux défis futurs. Voici en substance ce que constatent Remo Reginold et Urs Vögeli du think tank Swiss Institute for Global Affairs (SIGA). Ce groupe de réflexion a examiné le fonctionnement de l’armée au sein du Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS). Le bilan est décevant, estime samedi la «Schweiz am Wochenende».
«Avec les structures militaires d’aujourd’hui, nous ne sommes pas capables de mener la guerre de défense de demain», jugent les deux observateurs. L’ensemble est composé de trop de structures individuelles. «Il manque à l’armée et à la politique de sécurité un niveau stratégique». La politique de défense est jugée trop opérationnelle, presque tactique. Il s’agit par exemple de savoir combien de chars sont nécessaires et la réflexion en réseau fait défaut. La politique de sécurité et de défense court après les problèmes – «de manière réactive plutôt que proactive», pointe le rapport.
Doublons et mauvaise répartition des rôles
Pour les deux auteurs, la raison réside dans une «surbureaucratisation» du système. En ligne de mire: le secrétariat général du DDPS qui ferait doublon avec le Groupement Défense de l’armée et générerait une mauvaise répartition des compétences, constatent Remo Reginold et Urs Vögeli.
Pour le think tank, il est clair que le Groupement Défense a besoin d’une nouvelle structure. Il propose de le transformer en un Secrétariat d’Etat à la Défense - avec à sa tête un responsable issu de la société civile plutôt qu’un haut gradé.
L’armée chinoise, un modèle
Les deux observateurs citent la réforme de l’armée chinoise menée par le président Xi Jinping en 2013. «Les Chinois ont compris ce que signifie travailler en réseau et dynamiser ainsi les forces armées classiques», résume Remo Reginold. «Nous devons maîtriser la guerre de l’information», affirment-ils.
«Pour cela, le service de renseignement militaire et la science doivent être intégrés au plus près possible du secrétaire d’Etat.» Selon eux, il faut aussi travailler avec des anthropologues, des spécialistes de la littérature et des psychologues qui comprennent comment fonctionnent les phénomènes sociaux.