LausanneUn carnaval antifa a coloré la ville... et les murs des banques
Des milliers de personnes ont défilé samedi à travers la capitale vaudoise, principalement dans la bonne humeur. Quelques dégradations sont signalées par la police.

Le cortège a fait le tour de la ville de Lausanne, avec plusieurs actions-chocs sur son passage.
Le Courrier/Grégoire Mottet«La caricature est devenue réalité. Les droits des minorités sont bafoués partout dans le monde. Il n’existe plus de contrainte éthique, légale. Le réel, la vérité ne signifient plus rien, il n’existe plus de tabous sociaux. Voilà le monde qu’on nous impose. Et nous le refusons.»
Donald Trump dégommé
C'est pour clamer haut et fort leur rejet du fascisme, ainsi décrit dans une gazette créée pour l'occasion, que des milliers de personnes ont défilé samedi à Lausanne dans le cadre d'un «Carnaval populaire et deter». Costumes colorés, samba, chars et constructions géantes mobiles, fanfares et grand feu du bonhomme hiver: tous les éléments du carnaval y étaient, rapporte notamment «Le Courrier».
Mais cette journée festive était aussi revendicative. On y a en effet assisté au massacre d'une piñata à l'effigie de Donald Trump, et de nombreux drapeaux, antifas et palestiniens notamment, ont été brandis au milieu des fumigènes. Un regroupement de familles, avec une large place pour les parentalités queers, a également trouvé sa place dans le cortège, composé de «6000 participant.exs» selon les organisateurs, 1500 selon la police. Une action de maraîchage sauvage a également eu lieu.
Peinture sur les banques
La police confirme que l'essentiel de la fête s'est déroulé dans le calme et le respect du cadre fixé par l'autorisation de la manifestation. A l'exception toutefois, «en marge du cortège», selon ses termes, d'un certain nombre de tags et jets de peinture sur les banques UBS et Credit Suisse, le Lausanne Palace, ainsi que l'Hôtel de Police. Celui-ci a par ailleurs été chahuté par des «éclats sur les vitres», précise le porte-parole de la police municipale, Patrick Pollen. Une Tesla a également été endommagée. Des plaintes ont été déposées.
Les organisateurs ne commentent pas ces faits, mais rappellent que tout a été organisé en collaboration avec la police, les TL et les pompiers. Ils regrettent par ailleurs un travail de blocage de la circulation insuffisant, mettant les participants «dans des positions dangereuses, plusieurs fois». Une voiture aurait forcé le passage violemment, précisent-ils. Avant de conclure que toute trace de leur passage sur la place des Pionnières a été nettoyée par leurs soins après les concerts.
Une «milice» présente pour «provoquer»
Qui dit «antifa», dit potentiellement aussi «facho»: les organisateurs signalent une bande, qu'ils qualifient ainsi, dans les rues de Lausanne durant la manif. On trouvait en effet sur le site du petit parti nationaliste Rassemblement Romand une invitation à constituer une «milice» et à se présenter sur place «en tenue de terrain».
Contacté, le président du parti, qui souhaite rester anonyme, assure ne pas avoir été au courant. Après recherches, il indique que des adhérents ont eu «l'idée délirante» de créer une telle milice pour effectuer une «provocation», qui n'a pas eu lieu par manque de membres présents. «Ils ont été exclus et leur milice dissoute», assure le responsable, qui se dit déçu de cette initiative. Il ajoute qu'une discussion aura lieu, car «la violence n'amène que la violence».