Grand GenèveBientôt fini, la gratuité sur l'autoroute des frontaliers
Un péage sera introduit entre Saint-Julien et Annemasse (F), annonce la Haute-Savoie.

A Annemasse, l’entrée sur le contournement sud de Genève, où circulent 50’000 véhicules chaque jour.
GoogleLa gratuité du contournement sud de Genève, c’est bientôt fini. La remise en péage du tronçon autoroutier Annemasse (F) - Saint-Julien (F), emprunté chaque jour par 50’000 automobilistes, en majorité des travailleurs frontaliers, se précise. Christian Monteil, président de la Haute-Savoie, l’a confirmé mercredi: «Le free flow (ndlr: péage sans barrière testé depuis mai à Nangy) va arriver. Il y en a pour deux-trois ans.»
La concession de cette portion de l’A40 par le département à la société ATMB a pris fin en 2015. Pour prolonger le bail jusqu’en 2050, «c’était entre 250 et 300 millions d’euros, expose Christian Monteil. On a dit non.» Fin mai, Cyril Pellevat, sénateur de Haute-Savoie, expliquait que la gratuité était condamnée si Genève ne mettait pas la main à la poche. Or, le Canton s’y refuse. «Aucune capacité financière n’est prévue à cette fin», indique Roland Godel, porte-parole du Département des infrastructures. Quant à évaluer l’impact sur Genève d’un tel péage, «on ne peut rien dire de crédible sans calendrier ni tarifs». Mais il insiste: la seule stratégie viable pour la région est de réduire les déplacements pendulaires motorisés.
Directeur du TCS Genève, Yves Gerber craint, lui, «qu’une partie des usagers engorgent le réseau secondaire, les deux critères de choix étant le coût et le temps de trajet». Afin de limiter ce risque, la Haute-Savoie propose d’améliorer l’accès à la douane de Bardonnex (lire l’encadré). Mais là aussi, Genève devrait passer à la caisse.
Tarif et bouchons
Deux sujets sont liés au retour du péage, estime le président de la Haute-Savoie: d’abord, une tarification égalitaire selon les distances. «L’État et le département réclameront un péage proportionné à la
très courte distance» du tronçon (12 km). Ensuite, l’amélioration de l’accès à la douane de Bardonnex, pour éviter les bouchons, notamment avec plus de voies. «J’avais déjà proposé un financement un tiers Haute-Savoie, un tiers ATMB, un tiers Genève, sans suite. Mais ce dossier reviendra sur la table.»
«On a le temps de tout faire capoter»
«Inacceptable», réagit Michel Charrat, chef du Groupement transfrontalier européen. Il note que l’A40, «le périphérique de l’agglo genevoise», est utilisée par les frontaliers mais aussi par les travailleurs locaux. «Le péage impacterait durement les salaires français.» Il reste confiant. «Deux-trois ans, cela nous laisse le temps de faire capoter la chose: si ce tronçon devient payant, il faudra, par souci d’égalité, faire payer toutes les autres portions gratuites.»