Suisse romandeLe 30 km/h en ville serait meilleur pour les oreilles que pour les poumons
Selon une étude française, les voitures pollueraient autant à cette vitesse qu’à 130 km/h. Ce constat ne remet toutefois pas en cause les projets en cours à Lausanne et à Genève. La ville vaudoise mise par exemple sur le type de véhicules pour diminuer les émissions de C02.

Les limitations de vitesse seraient-elles contre-productives en matière de santé publique ?
LeMatin.chRouler à 30 km/ en ville, c’est le chemin pris par de nombreuses villes suisses et européennes. A la fin du mois d’août, l’ensemble des rues de Paris seront soumises à ce régime. Plus près de chez nous, Lausanne, Genève ou encore Zurich encouragent cette mesure de nuit ou de jour pour lutter contre le bruit, améliorer la fluidité du trafic ou encore la pollution. Or, selon une étude française du Centre d’études et d’expertise sur les risques (Cerema), un véhicule à moteur thermique qui circule en ville consomme davantage et pollue bien plus à 30 km/h qu’à 50 km/h, voire pollue autant qu’à 130 kilomètres.
Mesure contre-productive?
Les limitations de vitesse seraient-elles contre-productives en matière de santé publique: baisse des nuisances sonores, mais augmentation de la pollution? Patrick Etournaud, chef du Service des routes et de la mobilité à la Ville de Lausanne répond: «Cette étude traite, vraisemblablement, des émissions à vitesse constante pour différents paliers. Or, ce sont les accélérations qui engendrent le plus de pollution et l’introduction du 30 km/h permet précisément de fluidifier le trafic et donc de réduire les phases d’accélération, conduisant ainsi à une diminution des émissions en ville. Les résultats de cette étude montrent également qu’avec l’évolution du parc d’ici à 2050, ces conclusions ne s’appliqueront plus.»
Diminuer le volume de trafic
L’étude française révèle aussi que pour les véhicules thermiques, la vitesse idéale pour réduire au maximum les émissions nocives (particules fines notamment) est de 70 km/h. Lors de vitesses supérieures ou inférieures, le véhicule consomme plus et ainsi pollue davantage. «La diminution à 30km/h a des avantages incontestés du point de vue du bruit routier et de la sécurité routière. Pour ce qui est des émissions de CO2, l’enjeu principal est le volume de trafic ainsi que le type de motorisation, raison pour laquelle nous menons des actions pour favoriser le report modal vers d’autres moyens de déplacement et voulons forcer une transition des véhicules électriques vers des véhicules à mode de propulsion alternatif pour ceux qui restent. L’objectif est également de rendre les quartiers plus conviviaux et de redonner de l’espace aux habitants plutôt qu’aux personnes qui transitent», précise Patrick Etournaud
Effets sur la santé
Dans le courant du mois de septembre, la réduction de la vitesse à 30 km/h dans 122 rues de Lausanne entre 22h et 6h du matin, une première en Suisse, devrait assurer un meilleur sommeil à ses habitants. «Les études menées ont montré une diminution de l’ordre de 2 à 3 dB, soit l’équivalent d’une diminution de trafic de 35 à 50%, et donc des effets notables sur la santé. Par ailleurs, de nombreuses études ont montré que le bruit de la circulation engendrait des troubles du sommeil, allant jusqu’à affecter le bien-être. Du fait de la diminution des séquences d’accélération et de la plus grande fluidité du trafic, l’impact sur le sommeil est moins marqué lorsque la vitesse est limitée à 30 km/h», ajoute Patrick Etournaud.
Limiter la vitesse pour lutter contre le bruit, c’est aussi le voeu des autorités municipales de Genève. Elles ont sollicité le Canton dans ce sens. Le but n’est pas seulement d’améliorer le repos nocturne des riverains. «L'abaissement de la vitesse de 50 km/h à 30km/h augmente la sécurité routière et permet de fluidifier le trafic, diminuant ainsi les séquences de freinage et d’accélération, les bouchons et les moteurs tournant dans le vide au centre-ville», affirme Cora Beausoleil, collaboratrice de la Conseillère administrative Verte en charge de la mobilité Frédérique Perler.
De l’autre côté de la Sarine, la Ville de Zurich souhaite aussi introduire le 30 km/h sur l’ensemble de son réseau routier d’ici à 2030. Winterthur a aussi affiché sa volonté de suivre ce mouvement dans la plupart de ses rues d’ici à 2025.
Concernant le trafic autoroutier, une diminution de la vitesse est à l’étude. L’Office fédéral des routes pourrait installer d’ici 2026 des panneaux indiquant une vitesse modulable, 80 km/h ou 60 km/h, sur certains tronçons. En cas d’embouteillages, les automobilistes seraient obligés de réduire leur vitesse.