Suisse romande«Le blog c'est d'abord une passion, pas un business»
Des Romands cartonnent avec leur blog de voyage. Tous se disent passionnés, aucun n'en vit.
«Grâce à une photo de nous à Zermatt postée sur Instagram, nous avons été contactés par Suisse Tourisme qui nous a proposé une collaboration», racontent Vincent et Nathalia. Ces Genevois partagent leurs aventures en Suisse et à l'autre bout du monde sur leur blog take-me-everywhere et sur les réseaux sociaux depuis plusieurs années. «Leur profil nous a plu, explique l'Office national du tourisme. Deux snowboardeurs qui rédigent un joli blog de voyage et qui se sont fiancés sur le Gornergrat, c'est une belle histoire!» Le couple a été invité à Zermatt la semaine dernière. En échange, ils devaient partager leur journée sur les réseaux sociaux.
Alors, facile ou pas de se faire repérer parmi les milliers d'internautes de la blogosphère? «Le succès ne se fait pas en un jour, il faut beaucoup de temps et de patience», assure Valentine, auteur du blog awwway.ch. «C'est le bouche à oreille, les rencontres et le référencement», avance Emilie, du blog Les petits Genevois.
Les blogueurs voyage qui parviennent à se démarquer se voient de plus en plus proposer des partenariats comme celui de Vincent et Nathalia: une invitation à découvrir une région, contre de la visibilité sur le web. Il n'y a pas d'autres directives et le contenu rédactionnel n'est pas dicté. Sylvain, créateur de Suisse Moi, définit ses propres conditions: «Une vidéo, un article et plusieurs posts sur les réseaux sociaux par semaine. Ceux qui m'invitent connaissent le ton décalé de mes vidéos, jamais personne ne m'a demandé de supprimer un passage après coup et de toute façon je ne l'aurais pas fait.»
Des prestations sont parfois rémunérées, mais a priori personne n'en vit en Suisse. «Ça peut aller de 100 fr. pour une mention dans un article à plus de 1000 fr. pour de la création photo et vidéo», indique une blogueuse. Et le tarif dépend encore de l'audience du blog. Qu'importe. Pour Fabienne et Benoît, auteurs de Novo Monde, «C'est avant tout une passion et non un business».
Take-Me-Everywhere
A la base, Vincent a lancé le blog en 2008 pour la famille et les amis, avant de partir un an autour du monde avec sa future femme Nathalia. «Petit à petit, le blog a pris de l'ampleur et de nombreux internautes se sont mis à nous contacter pour discuter de nos expériences.» Vincent espère que son implication sur le net débouchera sur une activité professionnelle. Il rêve de pouvoir promouvoir des lieux en collaborant avec des offices du tourisme ou tours opérateurs.
Nombre d'abonnés sur Instagram: 957 (1694 sur YouTube)
Temps dédié au blog et réseaux sociaux: une ou deux heures par jour en moyenne.
Et à part ça? Vincent, 28 ans, a une formation dans le tourisme et le management et Nathalia, 29 ans, est éducatrice spécialisée. Cinq ans après leur tour du monde, les Genevois se sont mariés puis sont partis sept mois en Inde faire du bénévolat. L'an passé, ils ont fait la transatlantique en voilier en cinq mois et ont passé encore six mois en Amérique du Sud. Ils ont rejoint leurs meilleurs amis et ont traversé la Colombie en vélo-tandem. Ils sont rentrés en Suisse il y a trois mois.
Novo Monde
Fabienne et Benoît ont commencé leur blog en 2012, avant de partir en tour du monde. «Nous ne nous prenons pas au sérieux et essayons de montrer sur le blog que pour partir voyager au long cours, nul besoin d'être millionnaire, rentier ou particulièrement aventurier», expliquent-ils. En 2014, le blog a remporté le Golden Blog Award dans la catégorie voyage, une compétition annuelle qui récompense les meilleurs blogs francophones.
Nombre d'abonnés sur Instagram: 4976
Temps dédié au blog et réseaux sociaux: environ 80 heures de travail par semaine à eux deux.
Et à part ça? Elle, 30 ans, Vaudoise et lui, 32 ans, Valaisan. Expérience professionnelle dans une start-up développant des applications mobiles à Vienne pendant deux ans, tour du monde d'un an et demi... Aujourd'hui, Fabienne et Benoît se sont lancés dans un mode de vie 100% nomade. Ils ont quitté leur appartement et leurs emplois à Zurich en août et sont installés à Chiang Mai en Thaïlande depuis octobre.
Suisse Moi
Depuis trois ans, Sylvain s'éclate avec son concept «Suisse Moi». Ses aventures sont participatives. En gros, les internautes proposent des défis et des destinations au Vaudois de 34 ans, qui doit s'y plier. De nombreux offices du tourisme l'ont déjà invité: en Corse, au Québec, en Californie, en Polynésie française, dans différentes régions de Suisse... «Mon concept me donne la possibilité de voyager différemment en ayant accès à des activités spéciales. Je gagne un peu d'argent, mais rien d'impressionnant. Pour l'instant je privilégie les expériences. Et ça, j'en ai à profusion.»
Nombre d'abonnés sur Instagram: 18'500 (2065 sur YouTube)
Temps dédié au blog et réseaux sociaux: Lors des voyages, un jour par semaine pour réaliser une vidéo et une seconde journée pour rédiger les articles et interagir avec la communauté. Hors voyage, environ deux heures par jour.
Et à part ça? Ancien président de l'association Areriroru, Sylvain est «animateur socioculturel et médiamaticien, freerider du voyage et dérideur de routine.»
Awwway.ch
«Mes amis me demandent souvent des bons plans et des conseils quand ils préparent leurs voyages. Créer un blog c'était surtout l'idée d'avoir un endroit où regrouper toutes mes découvertes, mes conseils et mes bons plans», raconte Valentine. La Lausannoise de 27 ans tient surtout à mettre la Suisse en avant: «Je veux montrer que nous avons beaucoup plus à offrir que du chocolat et des banques. J'aime particulièrement découvrir la Suisse à travers des randonnées».
Nombre d'abonnés sur Instagram: 2337
Temps dédié au blog et réseaux sociaux: Presque tous les soirs après mon emploi.
Et à part ça? Valentine est directrice artistique dans une agence de communication.
Les petits Genevois
Derrière ce blog lancé il y a pile un an, se cache Emilie, 36 ans, mariée, un enfant, «un bon titre de livre ça, non? Je suis un peu Madame Bon Plan… et j'avais envie de partager mes trouvailles avec d'autres parents en détresse ou simplement en manque d'idées.» La Genevoise dit soigner le visuel de ses posts, et surtout essayer de mettre de l'humour dans ses récits sur ses bonnes adresses, à Genève comme à l'étranger.
Nombre d'abonnés sur Instagram: 997
Temps dédié au blog et réseaux sociaux: Deux heures par semaine
Et à part ça? Emilie travaille dans une fondation pour la danse.