«Propagande complotiste»Le documentaire qui mêle Covid-19, forum de Davos et holocauste
Un film qui cartonne en ligne depuis le début de semaine met en cause la gestion de la crise du Covid-19 par les autorités mondiales. Mais il enchaîne les contre-vérités et les fake news…
La bande-annonce du documentaire (payant) «Hold-Up» annonce la couleur. Plusieurs plateformes de streaming l’ont retiré de leur catalogue.
Plusieurs responsables politiques de la majorité ont condamné jeudi la «propagande complotiste» du documentaire «Hold-Up», qui entend mettre en cause «l'entreprise de manipulation globale» entourant la pandémie de Covid-19. «Ce n'est pas un docu, ce n'est pas du journalisme, c'est une propagande complotiste à budget blockbuster. Honteusement cautionné par quelques politiques en errance», dénonce la présidente déléguée des députés LREM Coralie Dubost, sur Twitter.
Selon sa collègue «marcheuse» Laetitia Avia, le film reprend «fake news sur fake news. Hallucinant. On pourrait en rire si la situation n'était pas aussi grave».
Le ministre des Comptes Publics Olivier Dussopt retweete aussi une série de messages décryptant ce documentaire «délirant». «Attention FakeNews complotiste», met également en garde le député et ancien secrétaire d'Etat chargé du Numérique Mounir Mahjoubi (LREM), qui demande la «démission» de la députée Martine Wonner (groupe Libertés et Territoires), l'une des intervenantes du film.
«On reçoit des multiples messages autour du film Hold-Up. Des gens qui sont dans un véritable déni de réalité, dans une mouvance complotiste et qui pensent sérieusement que tout ça (l'épidémie) a été fabriqué», témoigne auprès de l'AFP le président du groupe Agir Ensemble Olivier Becht, allié de la majorité.
Financé par des cagnottes
Financé par des cagnottes en ligne et officiellement sorti mercredi sur internet, ce documentaire de 2H40 rassemble une galaxie de sceptiques et d'experts en tout genre attaquant vigoureusement les mesures prises contre la crise du Covid-19, jusqu'à l'explication finale d'un complot mondial dont la pandémie serait l'objet.
Dans une tribune publiée sur le site FranceSoir, son producteur Christophe Cossé décrit le Covid-19 comme un «virus pas plus offensif qu'un autre Covid saisonnier» et fustige une «idéologie sanitaire autoritaire» qui veut «contraindre à une société de surveillance et de soumission». Il s'en prend «à une incroyable et phénoménale entreprise de manipulation globale» et aux membres du Conseil scientifique, qu'ils jugent «majoritairement proches des laboratoires pharmaceutiques».
Le WEF «utiliserait» le Covid-19
L'une des intervenantes du film, la députée ex-LREM Martine Wonner, avait déjà fait polémique à plusieurs reprises en estimant que le port du masque «ne sert strictement à rien» ou en demandant dans l'hémicycle la différence entre le Covid et «une énorme grippe». Y apparaît également le controversé infectiologue Christian Perronne, déjà critiqué par le ministère de la Santé pour jeter «le discrédit» sur les professionnels de santé.
«Un holocauste qui va éliminer (…) 3,5 milliards d’êtres humains»
Le réalisateur Pierre Barnérias, un ancien journaliste de télévision passé par les chaînes TF1, LCI et France 3, interroge également la sociologue Monique Pinçon-Charlot, ancienne directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et spécialiste de la bourgeoisie et des classes aisées. Celle-ci tient des propos pour le moins hallucinant en comparant le Covid-19 à l’holocauste sans qu’aucune contradiction ne lui soit apportée. «Pour moi on est dans la 3e Guerre mondiale (...) On est dans une guerre de classe et dans cette guerre de classe, comme les nazis allemands l’ont fait pendant la 2e Guerre mondiale il y a un holocauste qui va éliminer certainement la partie la plus pauvre de l’humanité, c’est-à-dire 3,5 milliards d’êtres humains dont les riches n’ont plus besoin pour assurer leur survie…»
Egalement interviewé, l'ancien ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy a pris ses distances mercredi sur Twitter: «Je n'ai pas vu ce film et s'il y a le moindre caractère complotiste, je veux dire le plus clairement possible que je m'en désolidarise. La crise sanitaire que nous traversons est suffisamment grave pour ne pas ajouter de la confusion aux moments douloureux que nous vivons».
L'actrice Sophie Marceau a fait polémique sur les réseaux sociaux en postant l'affiche du film sur son compte Instagram.