
Une étude américaine révèle qu’un manque de sommeil rend plus égoïste.
Getty ImagespsychoLe manque de sommeil rend plus égoïste
Une récente étude américaine révèle que la fatigue et la qualité du sommeil ont un impact direct sur l’empathie.
Augmentation des probabilités de maladies cardiovasculaires, de dépression, de diabète et d’hypertension: les effets délétères d’un manque de sommeil sur la santé physique et mentale des individus sont bien connus.
Aujourd’hui, une nouvelle conséquence néfaste vient s’ajouter à ce tableau déjà bien rempli: l’égoïsme. Selon une étude publiée le 23 août dernier dans la revue scientifique «PLOS Biology» et réalisée par Eti Ben Simon et Matthew Walker, deux chercheurs en neurosciences à l’Université de Californie, Berkeley, ne pas dormir assez a tendance à rendre les gens moins empathiques. «Nous commençons à voir de plus en plus d’études, dont celle-ci, où les effets de la perte de sommeil ne se limitent pas à l’individu, mais se propagent à ceux qui nous entourent, explique Eti Ben Simon. Si vous ne dormez pas assez, cela ne nuit pas seulement à votre propre bien-être, mais aussi à celui de tout votre cercle social, y compris les étrangers.»
Êtes-vous plus égoïstes lorsque vous manquez de sommeil?
Zones cérébrales en berne
Pour arriver à cette conclusion, les deux chercheurs ont réalisé trois études. Durant la première, vingt-quatre personnes en bonne santé ont passé un premier scanner cérébral après huit heures de sommeil et un autre après une nuit blanche. Eti Ben Simon et Matthew Walker ont constaté que les parties du cerveau qui gèrent l’empathie étaient beaucoup moins actives lorsque les sujets n’avaient pas dormi la veille. «Quand nous pensons à d’autres personnes, ce réseau s’active et nous permet de comprendre quels sont leurs besoins: à quoi pensent-ils? Souffrent-ils? Ont-ils besoin d’aide?, analyse Eti Ben Simon. Cependant, ce réseau était nettement altéré lorsque les individus étaient privés de sommeil. C’est comme si ces parties du cerveau ne répondaient pas lorsque nous essayons d’interagir avec d’autres personnes lorsqu’il y a une dette de sommeil.»
La qualité du sommeil compte aussi
Pour la deuxième étude, les chercheurs ont analysé le sommeil de cent personnes en tenant compte du nombre d’heures et de levers pendant la nuit. Les neuroscientifiques leur ont ensuite demandé s’ils étaient enclins à tenir la porte de l’ascenseur à quelqu’un, à faire du bénévolat ou à aider une personne inconnue blessée dans la rue. «Nous avons constaté ici qu’une diminution de la qualité du sommeil d’une personne d’une nuit à l’autre prédisait une diminution significative du désir d’aider d’autres personnes, détaille Eti Ben Simon. Celles ayant mal dormi la nuit précédente étaient celles qui déclaraient être moins disposées et désireuses d’aider les autres le jour suivant.»
Une heure en moins suffit
Pour la troisième étude, les deux scientifiques ont analysé une base de données recensant trois millions de dons à des œuvres de charité aux États-Unis entre 2001 et 2016. Eti Ben Simon et Matthew Walker ont observé une baisse des dons de 10% lors de chaque passage à l’heure d’été. «Même une très légère privation de sommeil - ici, la perte d’une seule heure - a un impact mesurable et réel sur la générosité des gens et, par conséquent, sur notre fonctionnement en tant que société», observe Matthew Walker.