Votations du 11 marsLe patronat contre les 6 semaines de vacances
Le patronat suisse, EconomieSuisse, s'est déclaré opposé mardi à un projet de 6 semaines de vacances pour les salariés suisses, qui travaillent en moyenne 44 heures par semaine, en se basant notamment sur l'expérience française.
Avec leurs 35 heures par semaine, «les Français ont nettement plus de temps libre que les Suisses, et cela n'a pas apporté grand chose» au pays, indique l'organisation patronale.
Et d'ajouter qu'en France «le taux de chômage est élevé, l'économie est affaiblie et les Français se font porter pâle deux fois plus souvent (8,5 jours) que les Suisses».
EconomieSuisse réagissait ainsi à une votation fédérale, organisée le 11 mars prochain, qui préconise 6 semaines de vacances pour tous, au lieu de 4 actuellement.
Selon une étude de l'institut Mercer, les travailleurs en Suisse bénéficient en moyenne de 29 jours de congés par an (y compris les jours fériés), à comparer avec 40 jours dans les 3 pays en tête de classement (France, Finlande, Russie).
Les auteurs du projet soumis au vote populaire se sont fixé comme objectif de lutter contre l'augmentation du stress des salariés suisses, en leur donnant plus de vacances.
Selon EconomieSuisse, il s'agit d'une fausse bonne idée, car dans de nombreux secteurs, il y a déjà 5 ou 6 semaines de congés par an, grâce aux conventions collectives.
En outre, ces vacances supplémentaires coûteraient environ 6,3 milliards de francs suisses (5,25 milliards d'euros) aux employeurs suisses, ce qui pèserait sur leur compétitivité et pourraient même conduire à des délocalisations.
«Les perdants seraient avant tout les PME», car «lorsque les grandes entreprises quittent la Suisse, leurs fournisseurs en pâtissent aussi», indique EconomieSuisse.
Depuis 1984, les Suisses disposent de 4 semaines de vacances par an, au minimum. Mais divers secteurs et administrations publiques offrent davantage de jours fériés à leurs employés, portant la moyenne nationale à 5 semaines par an.
L'initiative du 11 mars a été lancée par l'organisation syndicale Travail.Suisse, et vise à accorder au moins six semaines de congés payés pour tous.
Selon les auteurs de l'initiative, un tiers des actifs en Suisse souffrent du stress au travail, ce qui représente un coût estimé à 10 milliards de francs suisses par an.
Il est temps, indiquent-ils, que les travailleurs récoltent les fruits de leur meilleure productivité, qui a bondi de 20% entre 1992 et 2007, alors que les salaires réels n'ont progressé que de 4,3% dans le même temps,
Selon eux, il faut agir sur les vacances qui n'ont pas bougé depuis presque 30 ans.
La droite suisse, les milieux économiques et le gouvernement sont opposés à ce texte, estimant que la facture est trop salée, notamment pour les PME.
En outre, les salariés préfèrent aujourd'hui d'autres méthodes de compensation que des vacances, comme des horaires flexibles, ajoutent les opposants.
Selon un sondage publié début février par la Télévision suisse, le texte sera repoussé par 55% des votants le 11 mars prochain.
mnb/lc/ros (afp)