GenèveLe PS propose des zones où le deal de rue serait toléré
Pour éloigner le trafic de drogue des quartiers d’habitation, le parti imagine de le déplacer dans des lieux moins peuplés. L’idée ne fait pas l’unanimité.

Le deal de rue pourrit la vie des habitants du quartier des Pâquis, notamment.
Getty ImagesTolérer le deal de rue dans des zones définies et éloignées des quartiers d’habitation. Telle est la proposition choc du Parti socialiste de la Ville de Genève. Elle a été formulée dans une motion déposée au Conseil municipal en mai 2021, jusqu’à présent passée inaperçue. «Le Matin dimanche» l’a repérée, alors que le contexte s’est passablement durci: depuis quelques mois, le trafic et la consommation de crack ont explosé dans le quartier des Pâquis, notamment aux abords de l’école primaire.
Le texte demande au Conseil administratif de négocier un projet en ce sens avec le Canton. Il s’agirait d’«identifier: un dispositif pour le deal de rue moins dérangeant que son emplacement actuel dans les quartiers populaires; les horaires auxquels il serait toléré; les pratiques de transaction qui seraient tolérées; les actions de prévention à l’intention des consommateurs et des consommatrices.»
Dans le journal dominical, l’élue socialiste Paule Mangeat, constatant qu’il existe peu de zones non habitées à Genève, suggère d’installer une tel périmètre «autour des organisations internationales». La proposition obtient peu de soutien. La droite l’éreinte. Le sociologue Sandro Cattacin observe que des expériences similaires, comme au Patzspitz à Zurich dans les années 80, ont débouché sur une situation qui «a totalement dégénéré et était incontrôlable». Quant au conseiller d’Etat chargé de la sécurité Mauro Poggia (MCG), il confie au média national que «cette proposition est non seulement absurde, mais contraire à notre ordre juridique, car elle implique l’idée qu’il y aurait des espaces de non-droit dans lesquels un trafic illicite serait toléré».